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Chasseur d'éclipses, Olivier se sent "comme un sportif à l'approche d'une compétition"

Olivier Sauzereau parcourt le monde pour observer et photographier les éclipses. Il explique sa passion à francetv info.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une éclipse partielle de Soleil, vue de l'île de Tenerife, aux Canaries (Espagne), le 3 novembre 2013. (DESIREE MARTIN / AFP)

Vendredi 20 mars, dans la matinée, la Lune viendra se placer devant le Soleil. Evénement rare, l'éclipse totale (mais partielle en France) constitue une opportunité pour les astrophotographes, les spécialistes de la photographie des phénomènes astronomiques, d'immortaliser un des spectacles les plus impressionnants qu'offre notre système solaire.

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Olivier Sauzereau, historien des observatoires de la Marine, astrophotographe et auteur de Voyage vers le Soleil noir (Belin), est parti observer cette éclipse au milieu des paysages subarctiques des îles Féroé. Il fait vivre à francetv info sa passion : traquer la nuit en plein jour.

Francetv info : Pourquoi avoir choisi d'observer cette éclipse depuis les îles Féroé ?

Olivier Sauzereau : L'éclipse, même partielle, sera très belle à observer depuis la France, mais une éclipse totale, c'est très différent. Sur la terre ferme, les îles Féroé constituent le meilleur endroit d'où observer cette éclipse solaire totale. Autrement, il faut être en mer, ou dans les airs. Six mille personnes ont débarqué sur l'archipel pour assister à l'éclipse de vendredi. Beaucoup arrivent deux jours avant pour repartir le soir-même. Avec ma femme et mon fils (qui, à 22 mois, assistera à sa toute première éclipse), cela fait dix jours que nous sommes sur place, que nous explorons l'île en 4x4 afin de déterminer le meilleur spot d'observation. Je pense à 99% l'avoir trouvé, mais j'ai encore quelques doutes.

Comment faites-vous pour déterminer l'endroit adéquat ? 

Depuis que je suis arrivé, j'arpente les îles de l'archipel avec mon compas de marin, ma carte et mon ordinateur, afin de calculer la durée de l'éclipse en fonction de ma position. Les critères astronomiques sont déterminants. Cette fois, plus vous êtes au nord, nord-ouest, plus l'éclipse sera longue. Sur les îles du sud de l'archipel, elle ne durera qu'une minute. En revanche, je suis prêt à sacrifier une vingtaine de secondes d'éclipse si je trouve un endroit particulièrement beau et relativement isolé du monde. Car il y aura des milliers de photographes ainsi que des télévisions du monde entier. A l'endroit précis que j'ai choisi, l'éclipse durera 2 minutes et 8 secondes.

Le risque, surtout aux îles Féroé, c'est qu'un nuage passe devant le Soleil pile à ce moment-là. En 2008, je suis allé jusqu'en Chine pour assister à l'éclipse la plus longue enregistrée au XXIe siècle : pendant dix minutes, un énorme nuage nous a bouché la vue. Faire 40 000 kilomètres aller-retour pour rater quelque chose, ça force l'humilité ! Puisque l'on ne maîtrise pas la météo, choisir le lieu duquel vous allez observer une éclipse solaire, c'est toujours la roulette russe. 

Quels sentiments vous gagnent à l'approche du moment décisif ? 

En ce qui me concerne, c'est la dixième éclipse totale à laquelle j'assisterai. A chaque fois, on sent une tension qui monte un peu plus chaque jour, un peu comme un sportif à l'approche d'une grande compétition. Il y a des moments où le cœur s'emballe, comme lorsque l'on consulte les prévisions météo chaque jour ; des moments de doute ou d'optimisme.

J'aborde cette activité de chasseur d'éclipses sur le plan photographique mais aussi émotionnel. Pendant une éclipse totale, c'est la nuit en plein jour. La température chute brutalement, les oiseaux s'abattent pour se poser, les chiens hurlent à la mort… C'est vraiment l'un des événements les plus beaux qu'offre la nature. Même si l'on connaît aujourd'hui bien ce phénomène, on se met facilement dans la peau des personnes qui, dans les sociétés anciennes, pensaient qu'il s'agissait d'une action divine ou maléfique.

Bien que l'on sache pertinemment que le Soleil va réapparaître, on a les poils qui se hérissent, des sensations enfouies qui remontent à la surface. Si, d'un point de vue scientifique, les éclipses nous apprennent moins de choses aujourd'hui qu'il y a encore cinquante ans (c'était le seul moment où l'on pouvait observer la couronne solaire, ce que permettent aujourd'hui des télescopes), c'est toujours un moment extraordinaire. 

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