Cet article date de plus d'onze ans.

Virus H7N9 : "Pour le moment, aucun risque d'être contaminé en France"

Des chercheurs chinois viennent d'établir que ce virus de la grippe aviaire s'est transmis, au moins une fois, d'homme à homme. Mais il est trop tôt pour craindre une épidémie, selon Bruno Lina, directeur du Centre national de référence pour la grippe. 

Article rédigé par Fabien Magnenou - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Désinfection de cages à poulets, dans un marché de Shangaï (Chine), le 20 juin 2013. (QNB / IMAGECHINA / AFP)

C'est une première. Des chercheurs chinois ont établi la transmission "probable" du virus de la grippe aviaire H7N9 d'homme à homme. Ils ont présenté leurs travaux dans une étude publiée par la revue médicale British Medical Journal (en anglais), mercredi 7 août. 

Pour autant, il n'y a pas (encore) de raison de s'alarmer. Cette étude confirme ce que l'on savait déjà, à partir de l'analyse génétique du virus. Et rien n'indique que le virus puisse évoluer. Entretien avec Bruno Lina, directeur du Centre national de référence pour la grippe. 

Francetv info : Un père a transmis le virus H7N9 à sa fille et tous deux sont morts. Le début d'une épidémie ?

Bruno Lina : Non ! Cela signifie simplement que ce virus – comme on le savait déjà par une analyse génétique – a la capacité de se transmettre d'homme à homme. Pour qu'un virus devienne potentiellement épidémique, il faut observer une chaîne de transmission inter-humaine. C'est-à-dire qu'une personne infectée transmette le virus à un proche, qui à son tour, le transmette à une troisième personne. Ces deux épisodes successifs de transmission signifieraient une parfaite adaptation du virus à l'homme. Ce fut le cas lors de la pandémie de 2009. Mais cette fois, le virus H7N9 n'a pas évolué [43 personnes en contact avec les deux malades ont été testées dont une seule, un gendre, présentait une version atténuée de l'infection]. Le H7N9 présente beaucoup de caractéristiques qui permettent une transmission d'homme à homme, mais il lui manque encore des choses. Nous ne savons pas quoi.

Depuis l'identification du virus l'hiver dernier, 43 personnes sont mortes après avoir été infectées par le H7N9. Ce virus est-il plus dangereux que le H5N1 ?

D'un point de vue statistique, à partir de la létalité, le H7N9 est moins dangereux que le H5N1, avec deux fois moins de morts. Mais quand vous regardez les chiffres bruts – sur les données dont nous disposons – nous sommes tout de même à des taux de 30%. Un chiffre considérable, lorsqu'on sait que le taux est de 1 pour 10 000 ou 100 000 pour la grippe classique.  

Deux virologues néerlandais et américains, justement, veulent créer des formes plus dangereuses de H7N9 pour prendre un coup d'avance sur d'éventuelles mutations. En quoi est-ce important ?

Aujourd'hui, face au H7N9, nous sommes des spectateurs ébahis. On observe quelque chose qu'on ne comprend pas. L'idée qui sous-tend ces travaux, c'est de se mettre dans des conditions expérimentales pour identifier des virus légèrement modifiés, qui auraient acquis les modifications leur permettant d'accéder à une chaîne de transmission inter-humaine. Ce travail cognitif permettrait d'isoler les déterminants, les marqueurs de cette transmission. Et donc, de savoir comment bloquer la diffusion du virus. De spectateurs ébahis, nous passerions alors à spectateurs actifs. 

Ce virus peut-il s'inviter en France ?

Il n'y aucun risque d'être contaminé par un animal en France. La diffusion de ce virus est limitée à l'est de la Chine, où une demi-douzaine de provinces sont touchées. Il n'y a eu aucun cas hors de Chine, excepté un cas exporté à Taïwan.

L'hiver approche, et avec lui, le risque de mutation ? 

Tout d'abord, il ne faut pas mélanger les virus humains et aviaires. Et puis on ne comprend pas encore la saisonnalité du H7N9. Elle n'est pas la même selon que vous soyez au nord ou au sud de la Chine. Dans le premier cas, où le climat est plutôt tempéré, il y a généralement une bouffée épidémique dans l'année. Dans le second, où le climat est plutôt tropical, c'est tout au long de l'année.

Contrairement au H5N1, qui avait mobilisé les médias, on parle peu du H7N9...

Cela ne veut pas dire que rien n'est fait ! L'Organisation mondiale de la santé (OMS) reste mobilisée. C'est aussi le cas du European centre for disease prevention and control, où les efforts ont même été un peu renforcés. Au niveau français, de nouveaux exercices pandémiques – purement théoriques – vont avoir lieu. Cela se décide notamment au niveau du ministère de la Santé.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.