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Tuberculose : le rebond de l'épidémie est "très inquiétant", s'inquiète un spécialiste

Les décès dus à la tuberculose sont en hausse dans le monde a alerté l'Organisation mondiale de la santé jeudi 14 octobre. La pandémie de Covid-19 perturbe l'accès aux services de santé, explique l'OMS.

Article rédigé par franceinfo
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Un nourrisson reçoit le vaccin BCG en Indonésie, c'est le meilleur moyen pour lutter contre la turberculose, mais il n'est pas facile d'accès dans tous les pays. (CHAIDEER MAHYUDDIN / AFP)

Le rebond de l'épidémie de tuberculose est "très inquiétant" et la "tendance est à la hausse cette année", s'inquiète sur franceinfo jeudi 14 octobre Éric Fleutelot, directeur technique du département santé d'Expertise France qui dirige le pôle "grandes pandémies". Cette agence française œuvre sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères et du ministère de l'Économie. Pour ce spécialiste, "les retards que nous prenons dans la lutte contre la tuberculose ne pourront être rattrapés".

Les décès dus à la tuberculose sont repartis à la hausse pour la première fois depuis plus de dix ans en raison de la pandémie de Covid-19 qui perturbe l'accès aux services de santé, a indiqué l'Organisation mondiale de la santé (OMS) jeudi, dans son rapport annuel qui porte sur 2020. Le nombre total de décès lié à la tuberculose s'élève à 1,5 million en un an et le nombre de personnes qui n'ont pas été dépistées est passé de 2,9 millions à 4,1 millions.

franceinfo : Ce rebond est inquiétant ?

Éric Fleutelot : Il est même très inquiétant. Ce qu'explique le rapport de l'OMS, c'est qu'il y a une tendance à la hausse qui devrait s'aggraver cette année. Et le problème, c'est que les retards que nous prenons dans la lutte contre la tuberculose ne pourront être rattrapés. Le Covid a entraîné une plus faible fréquentation des établissements de santé, que ce soit dans les pays riches ou dans les pays pauvres. C'est particulièrement vrai dans les pays à revenu intermédiaire où la hausse est plus importante comme en Inde, en Indonésie ou en Afrique du Sud. Le fait de ne pas se faire diagnostiquer la maladie entraîne une évolution plus rapide, mais également, une hausse de la transmission.

Le nombre de cas va-t-il exploser dans les prochains mois ?

Une explosion c'est un peu fort, mais une progression c'est certain. Car dans le même temps, il y a une progression des cas de tuberculose "résistante". C’est-à-dire que cette forme de maladie est capable de résister aux premiers traitements contre la maladie. La situation va devenir extrêmement compliquée dans les pays intermédiaires.

Où cette maladie est-elle présente dans le monde ?

Partout car on n'a jamais réussi à éradiquer la tuberculose y compris en France ou dans les pays riches, même si en France on arrive très bien à la maîtriser. La tuberculose reste la maladie des personnes les plus pauvres, essentiellement parce que les plus pauvres sont confinés et vivent à beaucoup dans des petits espaces. Ce qui augmente la transmission de la maladie. Aussi parce qu'il y a un lien avec l'alimentation. Car plus on est en malnutrition, plus on a de chance d'attraper la maladie. Le dernier aspect, c'est que plus on est pauvre, moins on a la possibilité de payer des services de soins. Il faut rappeler que c'est une maladie que l'on peut prévenir car il existe des dépistages et des traitements.

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