Yémen : une crise humanitaire sans précédent
Un conflit dure depuis trois ans entre des “rebelles” Houthis et le gouvernement soutenu par une coalition internationale comprenant l’Arabie saoudite. Interpellé pour les ventes d'armes françaises à l'Arabie Saoudite, Emmanuel Macron a promis qu'une conférence humanitaire sur le Yémen se tiendrait à Paris "avant l'été".
Mais d’ici là, les humanitaires craingnent une nouvelle épidémie de choléra. En effet, l’an dernier, le Yémen a déjà dû faire face à la plus grande épidémie de choléra connue à ce jour avec un million de cas (plus que toute population Marseille). Par ailleurs, après trois ans de conflit la précarité alimentaire augmente dramatiquement. En 2014 avant le conflit près de la moitié des enfants était déjà en état de malnutrition chronique à cause de la grande pauvreté du pays. Aujourd'hui, 17,8 millions de Yéménites ne savent pas comment ils mangeront le lendemain... Selon les humanitaires, le risque de famine concernerait près de 9 millions de personnes. Et près du double vit sans accès à l'eau potable.
Effondrement des institutions sanitaires
Le pays a même vu resurgir la diphtérie qui traduit l'effondrement des institutions sanitaires. Le conflit a désorganisé les campagnes de vaccination. L'approvisionnement en vaccins n'a pas été assuré. Et aujourd'hui, même pour les ONG, il est difficile de respecter la chaîne du froid dans un contexte où l'électricité est aléatoire. Les hôpitaux peuvent être touchés par ces coupures... Ils ne fonctionnent que grâce à l'aide internationale et à l'engagement incroyable du personnel qui n'a pas été payé par l'Etat depuis deux ans.
La santé des femmes enceintes étant naturellement affaiblie, les accouchements prématurés augmentent et des enfants naissent trop petits. Le Dr Sherin Varkey de l'Unicef parle d'une génération sacrifiée. Ces enfants auront souvent des séquelles de leur malnutrition, ils n'ont pour la plupart pas accès à l'école. Parmi les deux millions de personnes déplacées, un million sont des enfants. Mais ils ne sont pas dans des grands camps qui pourraient être protégés par le HCR, ils sont dispersés sur le territoire et souvent dans des zones inaccessibles aux ONG.
Difficile accès aux populations en danger
Depuis trois mois, MSF est confrontée à une augmentation du nombre de blessés par les conflits. Avec des situations de chaos à Aden où des factions se battent dans la ville, amènent leurs blessés à l'hôpital et se battent devant l'entrée. La question de la sécurité devient de plus en plus complexe pour les équipes et les convois à travers le pays. Le Dr Sherin Varkey de l'Unicef confirme les obstacles créés à la fois par les autorités gouvernementales et les milices. Il y a toujours un risque de barrage sur chaque acheminement. Et les lignes de front bougent, rendant brutalement toute une population inaccessible. Cette reprise des combats est à l'origine de l'appel à l'aide internationale au début du mois par l'ONU.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.