: Vidéo Norvège : une expérience inédite en Europe pour traiter les troubles mentaux sans médicament
Depuis l’ouverture d'unités psychiatriques "sans médicament" en Norvège, plusieurs centaines de patients ont pu réapprendre à vivre sans l'aide de psychotropes... Extrait du magazine "Nous, les Européens".
Une expérience a été lancée en 2017 dans l’hôpital psychiatrique de la ville de Tromsø, aux confins de la Norvège, en Laponie : traiter les troubles mentaux sans chimie. Son unité "sans médicament" ne ressemble à aucune autre. Elle compte six lits pour une équipe de 24 personnes et a accueilli une centaine de patients en cinq ans.
"Quand elles arrivent à l’unité, à peu près la moitié des personnes prennent des neuroleptiques. Je pense que la moitié d’entre elles a réussi ou est en train de réussir son sevrage", affirme la directrice de cette unité, Christine Nyquist, au magazine "Nous, les Européens" (vidéo). Après l’unité de Tromsø, quelques autres services "sans médicament" ont ouvert dans le pays.
"Ecouter les patients et les considérer comme des partenaires égaux"
A l’origine de ce mouvement, une réaction aux excès du système psychiatrique norvégien. Mette Elingsdalen, présidente de l’association de patients WSO, dénonce ces dérives depuis plus de dix ans : "La psychiatrie sous contrainte est très développée en Norvège. Par rapport à de nombreux autres pays, beaucoup de personnes sont forcées à prendre des médicaments ou à être hospitalisées. Il n’y avait pas d’aide possible si vous ne vouliez pas de médicaments. Cela a été dénoncé pendant des années, entre autres par le Comité contre la torture des Nations unies."
Avec quatre autres associations de patients et de familles, la militante s’est battue pour des traitements sans chimie. En 2015, elles sont entendues. Bent Høje, alors ministre de la Santé norvégien, ordonne la mise en place d’unités "sans médicament" dans les hôpitaux publics. Une première mondiale: "Mon souhait, comme ministre, était de créer un système de santé basé sur l’écoute des patients. Dans ce système, l’idée était non seulement d’écouter les patients, mais aussi de les considérer comme des partenaires égaux. La Norvège est un pays peu hiérarchisé, donc mon idée, à l’époque, s’inscrivait dans une vision très norvégienne de la société."
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