Urgences : la crise à son paroxysme
"On en est à 80 services" en grève, a déclaré le 4 juin à l'AFP Candice Lafarge, aide-soignante à Saint-Antoine et membre du collectif Inter-Urgences. Depuis mi-mars, le mouvement de grève des urgences continue dans toute la France. Dernière grève en date : celle de l'équipe de nuit des urgences de l'hôpital Lariboisière, à Paris, dans la nuit du 3 au 4 juin. Signe d’un malaise profond, une manifestation est prévue dans la capitale le 6 juin, à l’occasion de la tenue congrès des urgentistes. Les manifestants espèrent y voir la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour lui faire part de leurs revendications.
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Un taux de mobilisation" à 30%
Tout a commencé avec une énième agression dans un service, qui a poussé les infirmiers et les aides-soignants de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, à se mobiliser. Ils ont aussitôt été suivis par les autres établissements de l’AP-HP, et des soignants ont créé le collectif Inter-Urgences, qui s’agrandit de jour en jour. Aujourd’hui, aux urgences de l'AP-HP, après plus de 10 semaines de grève, le "taux global de mobilisation" – qui prend en compte les personnels absents et assignés – se maintient à environ 30%.
Au cœur des revendications : l'augmentation des salaires et des effectifs, mais aussi la dénonciation d’un "malaise profond et général", observe François Braun, chef de service au CHR de Metz-Thionville et président de Samu-Urgences de France. Le mouvement est encadré par les principaux syndicats hospitaliers, CGT, SUD et FO. François Braun s’inquiète de la "démobilisation complète" de professionnels pourtant "très attachés au service public".
"Plus de 150 services ont répondu"
Le 8 mai dernier, le collectif Inter-Urgences a appelé à un débrayage symbolique de 5 minutes à midi. "Plus de 150 services ont répondu", soit près du quart des 640 établissements dotés d'une structure d'urgences, assure le collectif, photos à l'appui. Ces derniers jours par ailleurs, les établissements ont constaté une recrudescence d'arrêts maladie parmi les soignants. A Lons-le-Saunier, dans le Jura, "des mesures de réquisition de personnels ont dû être prises par le préfet", d’après l'Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté. Pour tenter de pallier cette situation, l’agence en a appelé à "la déontologie médicale et (au) sens des responsabilités".
"C'est un tournant historique dans le conflit social. Les personnels en ont tellement marre que, d'un coup, ils renoncent", a déclaré Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf). Un constat que ne partage pas Agnès Buzyn, qui a estimé le 4 juin que faire la grève de cette façon "dévoyait ce qu'est un arrêt maladie", et "entraînait une surcharge de travail pour les autres".
"Pas de solution miracle tant que nous n'avons pas plus d'urgentistes"
La ministre avait d’ailleurs affirmé, quelques jours plus tôt, qu'il n'y avait "pas de solution miracle tant que nous n'avons pas plus d'urgentistes formés dans notre pays", tout et demandé "un effort considérable dans les hôpitaux pour mieux organiser les urgences". Mais le problème ne concerne pas les effectifs, pour le Dr Braun, car "beaucoup de gens qui se présentent aux urgences devraient être pris en charge ailleurs".
Comme chaque année, Agnès Buzyn est attendue au congrès organisé par Samu-Urgences de France et par la Société française de médecine d'urgence, qui se tiendra le 5 juin à Paris. Toutefois, cette fois-ci, l'évènement ne figure pas à son agenda officiel.
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