Une opératrice du Samu lui rit au nez, elle meurt peu de temps après
"Je suis profondément indignée par les circonstances du décès de Naomi Musenga en décembre. Je tiens à assurer sa famille de mon entier soutien et demande une enquête de I'IGAS sur ces graves dysfonctionnements", a annoncé la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur Twitter. Le 27 décembre dernier, Naomi Musenga, victime de graves maux de ventre et constatant des saignements, appelle le 15. Au standard, elle explique qu’elle "va mourir". Mais l’opératrice des pompiers ne la prend pas au sérieux.
"Oui vous allez mourir, certainement un jour, comme tout le monde."
Comme le révèle le magazine alsacien Hebd'i, Naomi se voit finalement conseiller de contacter elle-même SOS Médecins. Elle réussit à joindre les urgences cinq heures plus tard. On lui envoie le Samu, qui l’emmène à l’hôpital. Elle est alors victime d’un infarctus et transférée en réanimation. Elle décèdera vers 17h30.
Après avoir écrit au procureur de la République de Strasbourg, la famille de Naomi Musenga a réussi à se procurer l’enregistrement de l’appel.
"- Aidez-moi Madame.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Aidez-moi.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- Aidez-moi.
- Bon, si vous me dites pas ce qui se passe, je raccroche.
- J’ai… J’ai… Madame, j’ai très mal.
- Oui, bah vous appelez un médecin, hein ? D’accord ? Voilà, euh… vous appelez SOS Médecins.
- Je peux pas…
- Vous pouvez pas ? Vous pouvez appeler les pompiers, mais vous pouvez pas…
- Je vais mourir.
- Oui vous allez mourir, certainement un jour, comme tout le monde."
La famille de la victime s’est également procuré l’enregistrement de l’échange qui a précédé, entre l'opératrice et une employée du Centre de traitement des alertes des pompiers du Bas-Rhin.
"- La dame que j'ai au bout du fil, elle m'a dit, elle va mourir. Si, ça s'entend, elle va mourir.
- Allez, donne-moi le numéro [...].
- C'est sûr qu'elle va mourir un jour, c'est certain, comme tout le monde."
Une défaillance multiviscérale sur choc hémorragique
D’après le journal Le Monde, qui a eu accès au rapport d’autopsie, Naomi Musenga est morte des suites d’une "défaillance multiviscérale sur choc hémorragique", ce qui signifie que plusieurs organes s’étaient arrêtés de fonctionner. Les hôpitaux universitaires de Strasbourg ont expliqué dans un communiqué publié le 3 mai avoir ouvert une "enquête administrative destinée à faire toute la lumière sur les faits relatés".
"Une réunion à ce sujet se tiendra dans les jours qui viennent au ministère", a annoncé Agnès Buzyn sur Twitter. "Les moyens doivent être mis en place pour avoir des régulations médicales modernes et répondant à des critères de qualité", ont réagi l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et Samu urgences de France (SUDF) dans un communiqué commun. Les organisations exigent "un rendez-vous immédiat" avec la ministre de la Santé pour de "trouver des solutions aux problèmes de régulation médicale afin qu'un tel drame ne se reproduise pas".
L'opératrice a été suspendue mercredi 9 mai "à titre conservatoire", ont annoncé les Hôpitaux universitaires de Strasbourg. "Dans le cadre du développement de l'enquête, il y a des éléments suffisamment concluants pour la suspendre", a indiqué la directrice de la communication de l'hôpital à l'AFP. Le parquet de Strasbourg a pour sa part ouvert une enquête préliminaire.
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