L’OMS appelle à cesser la pratique des tests de virginité
"Dans de nombreuses sociétés, la valeur des femmes se mesure à leur « pureté »" déplore l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport rendu public le 17 octobre. De ces perceptions archaïques découle une pratique encore vastement répandue : le test de virginité. Ces examens sont notamment pratiqués en Afrique du Nord, en Inde, en Indonésie, au Brésil, en Afrique subsaharienne, mais aussi en Irlande du Nord et en Grande-Bretagne. Ils n’ont aucune valeur scientifique et sont médicalement dangereux, rappelle l’institution. Néanmoins, "l’attention grandissante accordée à la lutte contre les violences sexuelles a aidé l’opinion à prendre conscience du caractère parfois routinier des ces tests", estime l’OMS.
Test "de l'hymen" ou "des deux doigts"
Les deux méthodes les plus répandues pour "tester la virginité" sont l’inspection de l’hymen ou l’insertion de deux doigts dans le vagin. Chacune de ces méthodes se base sur l’idée – fausse – que l’apparence de l’appareil génital féminin est un indicateur d’activité sexuelle.
Comme l’explique l’institution en effet, l’apparence de l’hymen change énormément selon l’âge, le taux d’œstrogène ou la méthode d’examen. "L’un des mythes les plus répandus à propos de la virginité est que l’on peut la prouver si l’hymen est intact", note l’OMS. Or, le terme même d’hymen intact n’a aucun sens sur le plan anatomique : il peut être considéré comme "normal" quand la femme a déjà été pénétrée, et les lésions sur cette zone du corps guérissent rapidement.
Aussi les hymens "anormaux" (censés l’être si la femme a été violée) sont-ils quasiment impossibles à détecter. "Le but de l’examen post-agression sexuelle est d’évaluer l’ampleur des blessures et de voir si la victime a contracté des infections sexuellement transmissibles, et non pas de contrôler le « statut de virginité »", rappelle l’OMS. L’institution précise par ailleurs que durant cet examen, il n’est pas nécessaire d’insérer quoique ce soit dans le vagin.
Le "test des deux doigts" servirait quant à lui à évaluer le "relâchement de la paroi vaginale". Or, le vagin est un canal dont la taille et la forme varient en fonction de l’âge, des hormones, de la position… L’OMS relève en outre que ce type d’examen est rarement fait de la même façon d’un praticien à un autre.
Des professionnels de santé sont souvent réquisitionnés pour réaliser les tests "de l’hymen" ou "des deux doigts", notamment pour déterminer si une femme a bel et bien été violée. Dans les dictatures, il est également d’usage de pratiquer ces examens sur les femmes emprisonnées ou sur les opposantes politiques. D’après l’OMS, qui se base sur la Déclaration d’Helsinki de l’Association médicale mondiale de 1964, les médecins qui consentiraient à réaliser ces examens "violent le principe éthique fondamental qui consiste à ne pas faire de mal avant tout".
Des traumatismes physiques et moraux
Car les conséquences physiques des tests de virginité peuvent être dramatiques. L’examen peut endommager l’appareil génital, d’où des saignements et des infections. Souvent, les tests sont réalisés sur plusieurs filles à la suite avec les mêmes instruments, sans précautions hygiéniques et par des individus peu entraînés. Résultat : le risque de contracter une infection sexuellement transmissible est accru. La peur du test de virginité incite par ailleurs certaines femmes à appliquer du dentifrice ou de la viande crue dans leur vagin pour fabriquer un hymen factice. Ces pratiques peuvent, elles aussi, entraîner saignements et infections. Il a été en outre démontré que ces examens sont humiliants et traumatisants. Dans des cas extrêmes, les victimes tentent de mettre fin à leurs jours ou sont assassinées pour "sauver l’honneur". Celles qui survivent sont parfois ostracisées et stigmatisées.
Les croyances associées aux tests de virginité sont nombreuses. Dans certaines communautés, on imagine que ces examens réduisent le risque d’être contaminé par le virus du sida. Dans d’autres, tester la virginité est une tradition et une célébration. Il existe également une idée tenace selon laquelle la crainte du test empêcherait les filles de tomber enceintes avant le mariage.
L’OMS estime donc qu’il est urgent d’informer les professionnels de santé, les pouvoirs publics et les particuliers sur les dangers de ces tests, en particulier dans les régions du monde où ils sont couramment pratiqués. "Il est impératif d’en bannir l’usage", affirme l’institution. Qui rappelle à l’occasion que les tests de virginité "violent des droits humains essentiels comme le droit d’être protégé des discriminations fondées sur le sexe, le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne, le droit à la jouissance du meilleur état de santé possible et les droits de l’enfant".
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