Les chirurgiens-dentistes épinglés par la Cour des comptes
"Accablant", tel est le constat dressé par la Cour des comptes dans un projet de rapport sur "les soins bucco-dentaires" repris par le Figaro. Il pointe notamment la "faillite des politiques publiques face aux professionnels" et émet un certain nombre de propositions pour mieux répartir les charges entre la Sécurité sociale et les complémentaires santé.
Ce document met l'accent sur les dépassements d'honoraires des praticiens qui découragent près "d'un cinquième des patients" à consulter. Selon les syndicats de dentistes, ces dépassements sont dus à des tarifs de base trop bas et qui n'ont pas été assez revalorisés.
Catherine Mojaïsky, présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), était l’invitée du Magazine de la santé. Elle explique que cette situation n’est pas nouvelle : "À la fin des années 80, l'Assurance maladie ne pouvait plus payer les actes à leur juste valeur (…) les soins, la chirurgie, le détartrage, la prévention, la dévitalisation de dents. Cela nous a autorisés à pratiquer des honoraires libres sur une autre partie de l’activité à savoir la prothèse et l'orthodontie. Tout ce qui devait être provisoire dans les années 90, s'est éternisé et a pris aujourd'hui une ampleur importante simplement parce que le remboursement de prothèses est bloqué depuis 28 ans et évidemment nos charges, depuis, ont augmenté".
Les complémentaires en charge du remboursement des prothèses dentaires ?
Le montant des soins bucco-dentaires s'élève environ à dix milliards d'euros dont un tiers est remboursé par la Sécurité sociale et 39% par les complémentaires. Les patients doivent s'acquitter d'un reste à charge dépassant les deux milliards d'euros. Selon le Figaro, une des propositions de la Cour des comptes consisterait à laisser aux complémentaires la prise en charge du remboursement des soins lourds comme les prothèses par exemple.
Concernant le coût prohibitif des prothèses, Catherine Mojaïsky précise que "deux-tiers des actes sont encadrés à des tarifs qui sont très bas et qui ne permettent pas aujourd'hui de rentabiliser les cabinets". Elle ajoute que "ces tarifs libres appliqués sur les prothèses sont la deuxième échelle puisque normalement quand les patients en arrivent là c'est qu'ils n'ont peut-être pas eu recours à temps à la prévention et aux soins précoces… C'est un système qui tourne complètement en rond avec des prises en charge qui restent extrêmement basses et des tarifs qui se sont envolés tout simplement parce qu'ils ont suivi le coût de la vie et l'augmentation des charges".
D'autres propositions sont émises par la Cour des comptes comme le fait d'encourager "les réseaux de soins" qui recourent à des dentistes agréés. Ils seraient davantage mis en avant bien qu'ils fassent régulièrement l'objet d'attaques de l'ordre des chirurgiens-dentistes.
Le rapport final de la Cour des comptes est attendu en septembre prochain. D'ici là, les syndicats de professionnels, l'Assurance maladie et les mutuelles se seront concertés sur les tarifs.
À noter que la Cour des comptes déplore la publication, dans Le Figaro du 26 avril, d'un article évoquant le contenu d'un relevé d'observations provisoires relatif aux soins bucco-dentaires. "C'est à la Cour qu'il appartient de rendre publiques ses observations, une fois qu'elles sont définitives. La Cour arrêtera ses observations définitives au terme de la procédure contradictoire et au vu des réponses qui seront apportées à ses constats provisoires et à ses interrogations".
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