Le don du sang ouvert aux homosexuels dès le printemps 2016
L'exclusion permanente des dons du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avait été instituée en 1983 en raison des risques liés au virus du sida.
"Donner son sang est un acte de générosité, de citoyenneté, qui ne peut être conditionné à une orientation sexuelle. Dans le respect de la sécurité absolue des patients, c'est aujourd'hui un tabou, une discrimination qui sont levés", a déclaré la ministre en présentant les mesures destinées à mettre fin à cette exclusion, mercredi 4 novembre 2015, aux associations concernées.
Marisol Touraine s'était engagée dès 2012 à revenir sur cette interdiction, conformément à la promesse faite par François Hollande avant la présidentielle. Pour garantir la sécurité des receveurs, cette "ouverture" se fera "par étapes", a indiqué la ministre. La première, au printemps 2016, marquera la fin de l'exclusion permanente du don.
A partir de cette date, le "don de sang total" - la forme de don la plus courante où toutes les composantes du sang (cellules et plasma) sont prélevées - sera ouvert aux hommes qui n'auront pas eu de relations homosexuelles depuis douze mois, après un questionnaire et un entretien.
"Cette décision garantit la sécurité du don du sang", a souligné Marisol Touraine qui veut "rassurer les receveurs". Le Dr Benoit Vallet, directeur général de la santé, a précisé que "le risque sera tout à fait comparable" à celui qui existe aujourd'hui. Dans le système actuel, dix à quinze donneurs sont diagnostiqués séropositifs chaque année, soit un risque "résiduel" de l'ordre de 1 pour 3.500.000 dons. Mais le dernier cas de contamination d'un receveur date d'il y a 13 ans.
Dons de plasma
Autre révolution : toujours à partir du printemps 2016, les hommes qui, au cours des quatre derniers mois, n'ont pas eu de relation homosexuelle ou ont eu un seul partenaire, pourront donner leur plasma, grâce à la création d'une filière sécurisée où il sera mis en quarantaine pendant deux mois et demi environ pour s'assurer de son innocuité.
Cette filière sécurisée va, en outre, permettre aux autorités sanitaires de mener une étude sur le terrain sur ces nouveaux donneurs. Si cette étude démontre qu'il n'y a pas de risques, les règles du don du sang pour les homosexuels (ou les hommes ayant eu au moins un rapport avec un autre homme), se rapprocheront des règles générales appliquées aux autres donneurs. Cette deuxième étape interviendrait en 2017, précise le ministère.
Trois jours d’autonomie supplémentaires
La fin de l'exclusion des homosexuels permettra d'avoir 21.000 donneurs supplémentaires, soit 37.000 dons de plus (sur la base de trois dons en moyenne par an et par donneur), selon M. Vallet.
"37.000 dons, c'est trois jours d'autonomie supplémentaire et c'est déjà beaucoup", note François Toujas, président de l'Etablissement français du sang (EFS). En 2014, 1,6 million de personnes ont donné leur sang en France.
Les associations ont salué cette "avancée", mais elles déplorent que les conditions du don de sang ne soient pas encore les mêmes pour tous.
C'est "la fin de l'exclusion systématique et à vie des homosexuels et bisexuels masculins des dons de sang", s'est félicité SOS Homophobie, qui "regrette" toutefois "très fortement le maintien des discriminations fondées sur l’orientation sexuelle".
Jean-Luc Roméro, président d'Elus locaux contre le Sida (ECLS), a renchéri sur Twitter :
Je me réjouis de la levée par @MarisolTouraine de la fin de l'exclusion du #DonDuSang des #gays, mais n'approuve pas les conditions.
— Jean-Luc Romero (@JeanLucRomero) 4 Novembre 2015
Pour assurer la sécurité transfusionnelle, le #dondusang doit être interdit si comportements à risques (hetero/#gay) et non à une population
— Jean-Luc Romero (@JeanLucRomero) 4 Novembre 2015
Etre #gay n’est pas un risque, être hétérosexuel n’est pas un risque. Le seul risque, ce sont les comportements ! #DonDuSangPourTous
— Jean-Luc Romero (@JeanLucRomero) 4 Novembre 2015
C'est surtout la question de l'abstinence de relations homosexuelles pendant un an avant le don qui fait débat : si l'Inter-LBGT était en faveur de la proposition retenue par la ministre, d'autres comme la Fédération LGBT ou SOS homophobie réclamaient un délai "de quatre mois à partir du moment où il y a eu relation multi-partenariale, pour les hétéros, comme pour les homos", a expliqué à l'AFP Dominique Ganaye, porte-parole de la fédération LGBT.
En optant pour un délai de 12 mois, la France "s'aligne sur la plupart des pays" qui ont abandonné le système d'exclusion des homosexuels, a fait valoir Marisol Touraine, citant notamment le cas des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Australie. La Direction générale de la santé rappelle que dans ces pays, on n'a pas constaté d'augmentation du risque de transmission du virus du sida lors des transfusions.
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