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La HAS va réévaluer l’efficacité des immunothérapies Kymriah et Yescarta

Ces traitements par CAR-T cells ont obtenu une autorisation de mise sur le marché en 2018. Mais il n’existe aucune donnée sur leur efficacité à moyen et long terme.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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La HAS va réévaluer l’efficacité des immunothérapies Kymriah et Yescarta (© Fotolia)

Pour beaucoup, elles représentent une vraie révolution dans le monde de la médecine. Les thérapies géniques par CAR t-cells [1], pensées pour traiter certains cancers rares et maladies chroniques, sont de plus en plus pratiquées sur le sol français. Les traitements Kymriah et Yescarta (indiqués respectivement dans les cas de leucémie lymphoblastique et de lymphome non hogkinien agressif), ont obtenu une autorisation de mise sur le marché en 2018. La Haute autorité de santé (HAS) a par ailleurs rendu un avis favorable à leur remboursement.

Néanmoins, ces traitements n’ont pas encore fait preuve de leur efficacité sur les long et moyen termes, et restent hors de prix (entre 220.000 et 320.000 euros par patient). Aussi la HAS a-t-elle annoncé dans un communiqué publié le 27 mai qu’elle "réévaluerait les cellules CAR-T", notamment pour fixer un nouveau prix.

Des améliorations mineures à modérées du service médical rendu

Pour le moment en effet, seul le taux de survie des patients 12 mois après la thérapie peut être estimé : il est de 40% pour Kymriah, et de 60% pour Yescarta. L’amélioration du service médical rendu (ASMR) de ces deux traitements a ainsi été fixée à IV pour Kymriah (ce qui correspond à une amélioration mineure) et à III pour Yescarta (ce qui correspond à une amélioration modérée).

Si cela représente une réelle avancée pour les patients chez qui aucun traitement classique n’a fonctionné, la HAS indique cependant qu’il subsiste "des incertitudes sur l'identification [de ceux] chez qui le traitement fonctionnera". Par ailleurs, il est impossible, à l’heure actuelle, de savoir si une seule injection est suffisante pour traiter le patient, car les connaissances sur "la persistance des cellules modifiées génétiquement" sont insuffisantes.

Des thérapies allant souvent de pair avec une réanimation

Autre réserve émise par la HAS : l’incapacité de plusieurs hôpitaux français à prendre en charge ces coûteuses stratégies thérapeutiques. Les établissements ne sont en outre pas toujours en mesure de stocker et de manipuler des cellules génétiquement modifiées, explique-t-elle. Dernier point soulevé : la toxicité de Kymriah et Yescarta, qui nécessitent souvent une admission en service de réanimation. Les thérapies par CAR-t cells peuvent en effet provoquer un syndrome de relargage des cytokines [2]. Les soins intensifs, très lourds, peuvent durer plusieurs semaines et laisser des séquelles permanentes.

Il existe donc, à l’heure actuelle, énormément d’incertitudes concernant les traitements par CAR t-cells mis sur le marché. Sécuriser le recours à ces stratégies est une des priorités de la HAS, à l’heure où se développent de nouvelles thérapies géniques dans d'autres cancers, et pour des maladies chroniques comme l'hémophilie et la β-thalassémie.


[1] Ces stratégies thérapeutiques consistent à modifier génétiquement les lymphocytes T. Ceux-ci sont prélevés sur le patient, puis, une fois en laboratoire, munis d’un récepteur, le CAR (acronyme de Chimeric Antigen Receptor, récepteur d’antigènes chimérique en français). Le CAR doit repérer les cellules cancéreuses afin de les détruire. Une fois modifiés, les lymphocytes T sont réinjectés.

[2] Comme indiqué dans l’ATU de Kymriah, "les symptômes du syndrome de relargage des cytokines peuvent inclure une fièvre élevée, des frissons, des myalgies, des arthralgies, des nausées, des vomissements, des diarrhées, une hyperhidrose, un rash, une anorexie, une fatigue, des céphalées, une hypotension artérielle, une encéphalopathie, une dyspnée, une tachypnée et une hypoxie [...] une insuffisance cardiaque transitoire et une arythmie, une insuffisance rénale".

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