L'action de l'Europe pour encourager la vaccination "ne peut être qu'applaudie", se félicite un médecin
La Commission européenne dévoile vendredi 20 propositions pour contrer la désinformation sur la vaccination. "Toute action qui met en avant le fait qu'il faille se protéger, sauver des vies, est bienvenue", considère un médecin, Alain Fischer.
En 2017, 14 800 personnes ont été infectées par la rougeole en Europe, dont 87 % n'étaient pas vaccinées. Vendredi 27 avril, la Commission européenne fait 20 propositions pour encourager notamment les populations les plus fragiles à se vacciner. "95 % de couverture permettrait de faire disparaître la rougeole, comme c'est le cas dans certaines régions du monde, mais malheureusement pas en Europe et pas en France", explique sur franceinfo Alain Fischer, médecin à l'hôpital Necker de Paris.
franceinfo : La couverture vaccinale en Europe est insuffisante. Est-ce que la méfiance en est la seule cause ?
Alain Fischer : Je pense qu'il existe un certain degré de méfiance qui est particulièrement présent en France et qu'on retrouve en Italie et un petit peu en Allemagne. Et au cours des 10, 20, 30 dernières années, la diffusion progressive de fausses informations alertant de façon inexacte sur les dangers de la vaccination, voire sur son insuffisante efficacité, a été un facteur malheureusement de progression de la défiance. Et face à cela, les réponses des autorités de santé et gouvernementales ont été insuffisantes, laissant trop de place à une parole défavorable à la vaccination, sur les réseaux sociaux en particulier.
Une meilleure coordination au niveau européen pourrait-elle vraiment changer quelque chose ?
Toute action qui met en avant l'importance de la vaccination, le fait qu'il faille se protéger, sauver des vies, est bienvenue. L'épidémie de rougeole actuelle montre qu'il y a un souci en France, en particulier, [avec 1 900 cas déclarés depuis la fin novembre] et l'épidémie n'est pas terminée dans un contexte où la vaccination n'est pas pratiquée suffisamment. On peut penser que, pour les jeunes enfants, avec l'obligation qui a été mise en place [pour ceux nés à partir du 1er janvier 2018], les choses vont s'améliorer. Mais il faut aussi vacciner les plus grands, ceux qui n'ont pas été vaccinés dans le passé. Donc que l'Europe également préconise la vaccination, à côté des actions nationales comme celle qui est en cours en France aujourd'hui, qu'il y ait une réflexion commune des États et une concertation, c'est très bien. Toute action qui va dans le sens de faire prendre conscience à la population de l'importance de la vaccination ne peut être qu'applaudie et tant mieux que l'Europe aussi se mêle de cela.
En France, la mort d'une femme au CHU de Poitiers le 10 février avait alerté les autorités. Est-ce que vous sentez que la campagne de sensibilisation prend dans la population française ?
Il est difficile aujourd'hui d'avoir une évaluation objective parce que ces campagnes sont récentes. Il y a un aspect qui est indiscutable, c'est une évolution de notre société qui se reflète dans la couverture médiatique. Le fait même de rappeler qu'en février il y a eu une alerte forte autour du décès dramatique de cette femme en Nouvelle-Aquitaine dans ce contexte de l'épidémie actuelle et le relais très important que ça a eu dans tous les médias, c'est un phénomène nouveau. Il y a eu, dans les années passées aussi, en 2011 notamment, des décès dramatiques de personnes atteintes de la rougeole alors qu'elles étaient immunodéficientes, donc fragiles, et à l'époque on n'en parlait pas. C'est un signe de changement. Il se passe quelque chose, donc j'espère que ces campagnes vont continuer. C'est indispensable pour redonner une meilleure confiance dans la vaccination en France, ce qui va permettre progressivement d'obtenir une couverture satisfaisante. 95 % de couverture permettrait de faire disparaître la rougeole, comme c'est le cas dans certaines régions du monde, mais malheureusement pas en Europe et pas en France.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.