Don d'organes : "Il faut en parler à Noël. Le don, ce n'est pas que sous le sapin", pour le professeur Lantieri
Le chirurgien a relayé l'appel des parents d'Antoine, un nourrisson d'un mois atteint d'une défaillance cardiaque, qui a besoin d'une greffe de cœur.
"Noël n'est pas une période où il ne faut pas parler de la mort et du don d'organes, c'est une période du don, du partage", a expliqué lundi 24 décembre sur franceinfo le professeur Laurent Lantieri, chirurgien qui a réalisé la première greffe totale du visage en 2010. Le médecin a relayé sur les réseaux sociaux l'appel des parents d'un nourrisson atteint d'une défaillance cardiaque et qui attendent une greffe de cœur pour leur enfant.
franceinfo : Pourquoi ce petit garçon d'un mois, Antoine, a-t-il besoin d'une greffe de cœur ?
Laurent Lantieri : Visiblement, il y a une insuffisance cardiaque, le ventricule gauche ne fonctionne pas. C'est une pathologie congénitale, qu'il a eue à la naissance et dont on ne connaît pas l'origine. De toute évidence, s'il ne bénéficie pas d'une greffe cardiaque, son cœur finira par ne plus être efficace et il finira par mourir.
En quoi la greffe est-elle difficile à obtenir pour les bébés ?
Il y a toujours une pénurie d'organes en France. Pour les adultes, il y a 400 greffes cardiaques par an. Pour les enfants, toutes greffes confondues, c'est 150 greffes par an, mais bien évidemment, il est beaucoup plus difficile d'obtenir le don d'une famille, d'un couple, qui a vu son enfant mourir et d'accepter, en plus, que l'on prélève les organes pour que d'autres enfants puissent vivre. C'est là la grande difficulté. On peut bien comprendre cette souffrance et que des familles s'y opposent, mais il faut aussi comprendre qu'en ne s'y opposant pas, cela peut permettre à d'autres enfants de vivre.
Noël peut être une occasion pour aborder le sujet ?
Noël n'est pas une période où il ne faut pas en parler. C'est une période du don, du partage. Le don, ce n'est pas uniquement acheter des paquets sur Amazon et faire des cadeaux sous le sapin, mais c'est aussi pouvoir donner de soi-même, même dans des situations très difficiles. Le don d'organes, il ne faut pas en parler au moment de la mort, il faut en parler le matin, en prenant son petit-déjeuner. Ce sont souvent les enfants qui peuvent amener le sujet, qui peuvent demander à leur famille qu'elle est sa position. C'est important que les familles soient prêtes. L'important, c'est que les gens en parlent. Plus on en parle, plus on discute de cela, plus les gens, les familles, sont préparés à cette difficile éventualité : qu'est-ce qui se passe si un membre de sa famille se retrouve en état de mort cérébrale, où se pose la question du don d'organe ?
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