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"C’est une nébuleuse comme une toile d’araignée" : Olivia Cattan dénonce ces médecins qui prétendent pouvoir "guérir l’autisme"

La présidente de l'association SOS autisme a mené l'enquête pendant des années sur ce réseau de médecins et dénonce dans un livre ces "marchands d'espoir". 

Article rédigé par Solenne Le Hen, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Olivia Cattan, présidente de SOS autisme France, ci-contre le 1er avril 2019. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Pendant plusieurs années, Olivia Cattan a enquêté sur un réseau de médecins qui prétendaient pouvoir "guérir l’autisme" grâce à des mois de traitements antibiotiques ou bien grâce à des médicaments contre les mycoses. Elle sort un ouvrage : Le livre noir de l'autisme, aux éditions du Cherche-Midi. En réunissant des preuves, la présidente de l'association SOS autisme a réussi à alerter l'Agence du médicament contre ces pratiques. Et désormais, c'est la justice qui se penche sur cette affaire. 

Il y a dix ans, Olivia Cattan consulte un médecin qui lui propose de "guérir l'autisme" de son fils. De fil en aiguille, elle rencontre un groupe de médecins, le réseau Chronimed et même le professeur Montagnier, prix Nobel de médecine et co-découvreur du virus du Sida. "C’est une nébuleuse comme une toile d’araignée, décrit Olivia Cattan. Il y a 54 médecins pour être vraiment précise. Il y a des naturopathes, des homéopathes, des nutri-détoxicologues ou des gens qui ont des fondations aussi de nutrition."

Des ordonnances douteuses

Mais Olivia Cattan s'en éloigne, décontenancée par leurs pratiques. Dix ans plus tard, elle découvre que ces médecins, qui ont pignon sur rue, continuent de suivre des milliers d'enfants en France, en Suisse, au Maghreb, avec toujours des ordonnances très douteuses. "Le protocole, c’est des antibiotiques sur de longues durée, ça peut aller jusqu’à quatre ans, donc c’est très dangereux, dénonce la lanceuse d'alerte. Ils rajoutent des antifongiques, des antiparasitaires. On ne peut pas donner des médicaments comme ça à des enfants, il y a toujours une part de risque."

Un de ces médecins utilise le Naltrexone, c’est un traitement pour les alcooliques et les toxicomanes, et ils donnent ça à des enfants de 5 ou 6 ans. C’est dangereux parce que ce n’est pas fait pour ça et surtout, ce n’est pas fait pour l’autisme.

Olivia Cattan

à franceinfo


"C’est un mouvement qui est un peu issu du ‘New Age’ qui vous parle du renouveau de l’Homme", explique la présidente de SOS autisme. Selon Olivia Cattan, dans ce mouvement on affirme "essayer de trouver une autre médecine", on estime que l'"on nous vaccine trop", on dénonce le "Big Pharma et les labos"... "Je crois que c’est presque une religion", conclut-elle.

Des "marchands d'espoir"

Religion ou dérive presque sectaire, avec le recul, Olivia Cattan regrette d'avoir été manipulée par ces médecins : "Ils ont eu une emprise sur moi parce que j’étais impressionnée par un grand professeur de médecine, un prix Nobel."

On est désespéré. Donc, il y a quelqu’un qui nous tend la main et qui nous donne une réponse que l'on cherche. Mais non, il n’y a pas de traitement [contre l'autisme] pour l'instant, il faut l'accepter.

Olivia Cattan

à franceinfo

Ces médecins, qu'Olivia Cattan qualifie de "marchands d’espoir", persistent, ils demandent aujourd'hui une étude clinique pour confirmer que leurs protocoles sont pertinents. En parallèle, le parquet de Paris a ouvert une enquête.

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