Troisième cas de guérison probable du sida : une bonne nouvelle pour le professeur Gilles Pialoux qui reste toutefois très "prudent"
"On est toujours très prudents", tempère lundi 20 février sur franceinfo Gilles Pialoux. Le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon à Paris était en direct depuis Seattle où a lieu en ce moment la conférence sida. Il réagissait à l'étude parue lundi dans la revue Nature Medicine qui fait état d'un nouveau malade porteur du VIH désormais considéré comme probablement guéri grâce à une greffe de moelle osseuse. Il s'agit du troisième cas dans le monde. Pour Gilles Pialoux c'est une bonne nouvelle mais le professeur espère surtout "recopier par la thérapie génique ce qu'on arrive à faire chez quelques malades".
franceinfo : C'est un pas de plus et un espoir pour toute la communauté scientifique et médicale ?
Gilles Pialoux : Pour nous, c'est plus de la science que de la médecine dans le sens où ce n'est pas transposable. Ces patients ont une maladie hématologique, ils vont avoir des greffes de cellules souches ou de moelle qui sont extrêmement lourdes parce qu'il faut que l'organisme accepte la greffe.
On est toujours très prudents. Le pas attendu, c'est de recopier par la thérapie génique ce qu'on arrive à faire chez quelques malades. L'autre prudence aussi c'est qu'on parle de ces trois patients mais il y a aussi tous les échecs.
Sur ce sujet, on a l'impression que la prudence et l'espoir sont proportionnelles au drame que représente le sida depuis des décennies ?
Effectivement on est très prudents parce que la crise du Covid-19 a fait reculer les prétentions, la prévention, le dépistage et même l'accès aux traitements et à la recherche. Ce rattrapage est donc nécessaire. Il passe par des voies fondamentales mais il passe aussi par des voies plus tangibles qui sont les nouveaux traitements et les nouveaux aspects de prévention.
"On est prudents parce que globalement on a des bons outils actuels de traitement et de prévention mais le compte n'y est pas au niveau mondial quand on regarde le nombre de nouvelles infections."
Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenonà franceinfo
On imagine que ces avancées-là elles sont essentielles aussi pour impulser la suite des travaux dans le monde scientifique ?
Bien sûr. Il reste encore deux chantiers en route : la guérison dont on parle là chez trois patients et le vaccin. On est condamnés à l'humilité sur ces deux thèmes. Dans l'histoire des vaccins, on est toujours meilleurs quand on recopie une chose que la nature fait elle-même, par exemple l'hépatite B. Là on a un modèle très compliqué chez quelques patients, une sorte de mouton à cinq pattes. Si on arrive à le faire avec des thérapies géniques, par exemple, c'est sûr que ce sera une avancée importante. Là où d'autres recherches comme la recherche vaccinale marque le pas.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.