Intégration des personnes séropositives dans l'armée : "C'est une avancée importante", salue la directrice générale de Sidaction
C'est "un pas de plus dans la lutte contre les discriminations en milieu professionnel", salue lundi 8 avril sur franceinfo Florence Thune, la directrice générale de Sidaction, après que le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé que les personnes séropositives vont désormais pouvoir intégrer l'armée. Le ministre a pris un arrêté qui s'appliquera à la "gendarmerie, les sapeurs-pompiers de Paris et de Marseille, et l'ensemble des forces armées". Jusqu'à présent, les critères médicaux d'aptitude à l'intégration ne permettaient pas aux personnes séropositives d'accéder à ces professions.
"Ce type de réglementation n'était plus du tout valable aujourd'hui", souligne Florence Thune. Mais elle alerte sur "les fausses croyances" autour des modes de transmission qui "perdurent".
franceinfo : Est-ce qu'il était compréhensible qu'une telle mesure persiste encore ?
Florence Thune : Elle n'est plus compréhensible aujourd'hui. Elle ne l'était plus déjà depuis plusieurs années, puisque depuis de nombreuses années, grâce au traitement, on sait que non seulement les personnes qui vivent avec le VIH restent en bonne santé, mais en plus elles n'ont plus de risque de transmettre le VIH. Et ça, ce sont vraiment des avancées importantes. Ce type de réglementation n'était plus du tout valable aujourd'hui.
"On a eu déjà une première mesure qui a été prise en décembre pour la police nationale. Les personnes séropositives pouvaient enfin intégrer la police nationale. Maintenant, cela concerne les forces armées, dont les gendarmes, les sapeurs-pompiers de Paris et de Marseille."
Florence Thune, directrice générale de Sidactionà franceinfo
On attend une mesure qui concernerait les pompiers non militaires. Mais c'est effectivement une avancée importante. Et c'est un pas de plus dans la lutte contre les discriminations en milieu professionnel.
Y-a-t-il encore beaucoup de secteurs où ces discriminations persistent ?
On est vraiment dans les derniers bastions. Les réglementations aujourd'hui s'annulent les unes après les autres. Là, c'était vraiment parmi les derniers métiers. Mais je pense qu'il faut aussi faire attention à des discriminations qui relèveraient plutôt des croyances ou des fausses informations sur la transmission du VIH qui subsistent dans le milieu professionnel.
Est-ce qu'il reste beaucoup de ces croyances ?
La réglementation avance mais les fausses croyances perdurent. Des personnes ont des fausses informations sur les modes de transmission, croient encore qu'on peut être contaminé par le VIH en buvant dans le même verre d'eau d'une personne, en allant aux toilettes derrière son collègue qui est séropositif. On est encore face à cette discrimination. On le voit aussi, notamment dans les réactions sur les réseaux sociaux face à ces nouvelles mesures.
"On doit continuer à combattre les discriminations au niveau de la population en général."
Florence Thune, la directrice générale de Sidactionà franceinfo
Y-a-t-il encore, sur les lieux de travail, des personnes séropositives qui se disent ostracisées ?
Cela arrive encore. Aujourd'hui, des personnes font plutôt le choix volontaire de ne pas parler de leur séropositivité, parce qu'aujourd'hui, elles restent en bonne santé et préfèrent ne pas avoir à se retrouver face à ce type de discriminations. On l'a aussi malheureusement dans le milieu de la santé, où parfois des personnes sont discriminées à cause de leur statut VIH. Aujourd'hui, on continue à devoir informer les personnes sur ce qu'est aujourd'hui le VIH pour ne pas avoir ces discriminations qui sont absolument insupportables pour les personnes concernées.
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