: En images Campagnes anti-sida : ces autres affiches qui ont mis en scène l'amour entre homosexuels
Une dizaine de maires demandent le retrait d'une campagne d'affichage de prévention du sida présentant des hommes enlacés. Ce n'est pourtant pas la première du genre.
Le message ne passe pas. Une dizaine de maires ont demandé le retrait d'une campagne d'affichage de prévention du sida présentant des couples d'hommes enlacés, avec ce type de slogans : "Avec un ami, avec un amant, avec un inconnu" ou encore "Coup de foudre, coup d'essai, coup d'un soir". Les élus fustigent des affiches selon eux "contraires aux bonnes mœurs et à la moralité" et "portant atteinte à la dignité au risque de heurter la sensibilité de l'enfance et de la jeunesse".
C'est la première fois que les autorités lancent une campagne grand public de prévention du sida ciblée sur les hommes homosexuels. Objectif : toucher une population particulièrement concernée par l'épidémie puisque ces derniers représentent près de 50% des nouvelles contaminations. Cependant, d'autres campagnes ont déjà mis en scène l'amour entre deux personnes de même sexe en France. Si certaines ont suscité une levée de boucliers, elles n'ont pas pour autant été censurées. Retour sur sept d'entre elles, dans l'Hexagone et à l'étranger.
"Les situations varient, les modes de protection aussi"
La campagne du ministère des Affaires sociales et de la Santé a failli rester cantonnée aux lieux communautaires, comme les bars gays, et à la presse spécialisée. Mais, comme l'a révélé Libération, plusieurs associations, dont Aides, ont écrit une lettre à Marisol Touraine en octobre pour lui faire part de leur crainte de voir le gouvernement ne pas oser "assumer d’afficher des couples homosexuels dans des Abribus un lendemain de Manif pour tous", faisant allusion à la manifestation du 16 octobre contre la loi Taubira, la PMA et la GPA. La ministre a tranché en faveur d'une diffusion nationale dans 130 villes, avec les répercussions que l'on connaît.
Pour le porte-parole d'Aides, la décision d'élus de retirer ou de masquer ces affiches traduit clairement "le climat politique ambiant avec une crispation autour des couples homosexuels". "La victoire au premier tour de la primaire de la droite de François Fillon, soutenu par le mouvement issu de la Manif pour tous, Sens commun, libère la parole homophobe", explique Antoine Henri à franceinfo. Un avis partagé par le sociologue Philippe Liotard. "Il y a un repli qui est clair. Mais ce repli est lié au fait qu'il y a des avancées. Ces affiches, je ne pense pas qu'elles auraient pu être produites il y a dix ans", a-t-il estimé au micro de la radio.
"Le VIH est toujours là"
En 2007, pourtant, le gouvernement avait lancé une grande campagne de prévention du sida avec une affiche particulièrement suggestive. On y voyait un couple d'hommes en train de faire l'amour, avec ce slogan : "Le VIH est toujours là". La diffusion de ce visuel a toutefois été réservée à la population homosexuelle, via la presse spécialisée et les bars gays. L'affiche grand public se contentait d'un fond noir.
"Faites l'amour, pas la guerre"
Plus récemment, une affiche d'Aides a bénéficié, elle, d'une grande visiblité. Pendant l'Euro 2016, l'association a diffusé une campagne aux couleurs des pays engagés dans la compétition, via le réseau Insert. Sur l'une des affiches, on voyait deux hommes qui venaient visiblement d'avoir un rapport sexuel. "Il y a eu une grosse levée de boucliers sur Twitter mais pas de censure au niveau local", explique à franceinfo le porte-parole de l'association, Antoine Henri. Au total, 110 de ces affiches étaient visibles dans le métro parisien et dans une dizaine de villes accueillant des matchs.
"Les séropositifs ont beaucoup de choses à nous transmettre, mais pas le virus du sida"
A quelques jours de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Aides a lancé une nouvelle campagne, ce mercredi 23 novembre, pour sensibiliser l'opinion sur les personnes séropositives, qui ne transmettent plus le virus une fois sous traitement. Les photos, prises par Mathieu César, mettent notamment en scène deux hommes nus. Les affiches ne seront pas placardées sur des panneaux publicitaires. Mais elles ont été validées par l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) pour une diffusion numérique et dans la presse.
"Pas de préservatif, pas de sexe"
En 2014, la campagne "Pas de préservatif, pas de sexe", tout aussi suggestive, n'a pas non plus été prohibée. On y voyait notamment deux hommes nus en train d'écosser des petits pois et un trio en train de faire un puzzle. "Là aussi, on a eu des réactions sur les réseaux sociaux nous accusant d'encourager des plans à trois, mais pas de suites sur le terrain ou dans les médias", indique Antoine Henri.
"Se faire dépister c'est aussi protéger les autres"
En juillet 2010, la mairie de Paris a lancé une campagne d'affichage dans les rues de la capitale pour rappeler l'importance du dépistage comme moyen de prévention. L'une de ces affiches montrait un jeune couple homosexuel nu, de dos, avec un message glaçant.
Love life, "ne regrette rien"
Chez nos amis suisses, la campagne de prévention "Love life, ne regrette rien" de 2014 a bien failli être censurée. Plusieurs familles avaient saisi le tribunal administratif pour faire interdire ces visuels jugés trop explicites, montant des couples hétérosexuels et homoexuels en pleine action.
Les français sont vraiment fragiles '^' (ouai c'est nos campagnes en Suisse) pic.twitter.com/U1dTSKSZZJ
— Sounox (@CaptainSounox) 22 novembre 2016
Le Conseil fédéral, l'équivalent de notre gouvernement, avait refusé d'interrompre la campagne, estimant que les images utilisées n'avaient rien à voir avec de la pornographie. "Si elle suscite des questions chez les enfants, c'est une occasion de leur fournir des réponses adaptées à leur âge", avait-il préconisé. En France, c'est justement pour ne pas avoir à répondre aux questions des enfants que plusieurs maires ont décidé de retirer la dernière campagne des autorités.
Les Finlandais, eux, ont opté pour l'humour. Voici l'une des affiches diffusées en février 2012 dans le cadre d'une campagne de prévention contre le sida.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.