Un vaccin thérapeutique résorbe les lésions précancéreuses du col de l'utérus
Il existe plusieurs types de lésions du col de l'utérus, dont les plus graves, dites de "haut grade" peuvent se convertir en cancer. Ces lésions précancéreuses se retrouvent souvent chez les femmes jeunes, âgées de moins de 40 ans. Dans ce cas, la chirurgie est bien souvent la seule issue thérapeutique. Le 17 septembre, des chercheurs américains, dont les travaux sont publiés dans The Lancet, exposent une nouvelle méthode thérapeutique contre les lésions du col.
L'équipe a mis au point une solution thérapeutique à injecter, capable d'entraîner le système immunitaire à reconnaître les lésions précancéreuses du col, et donc à les détruire. Le vaccin, injecté dans le bras, cible particulièrement la surface des cellules cervicales abîmées. Quand celles-ci sont endommagées, leur revêtement possède des caractéristiques propres à l'infection par le papillomavirus, virus responsable de 70% des cancers du col de l'utérus (1).
Une régression des lésions plus marquée chez les femmes vaccinées
Lors de l'essai clinique, les chercheurs ont testé l'efficacité de leur vaccin thérapeutique sur 167 femmes âgées de 18 à 55 ans. Le groupe, divisé en deux, recevait soit trois injections de vaccin, soit un placebo. Pour booster l'efficacité du vaccin, une impulsion électrique était exercée sur le bras des femmes. Ce "choc" permettait d'ouvrir les pores des cellules pour mieux atteindre le système immunitaire.
Chez près de la moitié des femmes vaccinées (48%), les lésions précancéreuses avaient été soit éradiquées, soit réduites, au bout de 12 semaines. Cette régression n'était visible que chez 30% des femmes traitées au placebo. Selon les chercheurs, cette différence serait significative et prouverait l'efficacité de la thérapie.
Second résultat "bonus" : "chez beaucoup de ces femmes vaccinées, le vaccin n'a pas seulement fait disparaître leurs lésions mais a aussi éliminé le papillomavirus du col" explique C. Trimble, l'une des auteurs, dans un communiqué. "Chez les non vaccinées ayant des lésions qui régressent, le virus était toujours présent, et beaucoup avaient encore des lésions plus petites". Garder des traces de papillomavirus dans le col de l'utérus reste un facteur de risque de récidive.
Quel intérêt par rapport à la chirurgie ?
L'étude soulève néanmoins la question de l'intérêt d'une telle méthode. Notons pour commencer que l'essai clinique a été financé par le laboratoire commercialisant le vaccin thérapeutique. Si le vaccin n'est pas invasif, contrairement à la chirurgie, elle reste tout de même moins efficace… L'ablation des lésions par chirurgie fonctionne chez 80% des femme, mais n'empêche pas les risques de récidives.
Il existe de très faibles dangers liés à ce type de chirurgie. Dans certains cas, elle abime légèrement le col, exposant la future maman à des risques accrus d'accouchements prématurés et de fausses couches. En cas de conisation (ablation d'une partie du col) ou de traitement laser, les grossesses doivent être suivies de près.
L'apparition de lésions précancéreuses du col de l'utérus est souvent silencieuse, d'où l'importance de réaliser un frottis tous les deux ou trois ans, dès 25 ans.
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(1) Pour les souches HPV 16 et 18
Source : Safety, efficacy, and immunogenicity of VGX-3100, a therapeutic synthetic DNA vaccine targeting human papillomavirus 16 and 18 E6 and E7 proteins for cervical intraepithelial neoplasia 2/3: a randomised, double-blind, placebo-controlled phase 2b trial. C. Trimble et coll. The Lancet, septembre 2015. DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(15)00239-1
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