La libido dans les chaussettes en hiver ?
Le désir diminue-t-il en hiver ?
"Il y a très peu de données sur les variations saisonnières du désir", répond le Dr Buvat, président de la Société française de médecine sexuelle. A une exception près : la dépression saisonnière, où l'on constate en plus de la tristesse, de l'apathie et de la boulimie de sucre, une baisse de désir. Or ce trouble qui survient chaque automne et hiver touche de 10 à 20% de la population en incluant les formes mineures (appelées sub-cliniques en médecine).
Les femmes en sont d'ailleurs plus souvent victimes. Ce syndrome serait un vestige de l'hibernation de nos ancêtres : cette baisse de libido l'hiver et son augmentation l'été assurerait aux femmes de tomber enceinte et donc de donner naissance à leurs enfants à une période où ils ont le plus de chance de survie. Pas de panique pour autant, la luminothérapie est une thérapeutique naturelle, qui soulage ceux et celles qui souffrent de dépression saisonnière.
Moins de galipettes...
S'il y a peu d'études focalisées sur le désir, il y en a sur la fréquence de l'activité sexuelle.
Chez les animaux, l'activité sexuelle et la fonction reproductive déclinent durant les périodes où la luminosité est réduite. Les mêmes phénomènes ont été décrits chez les femmes vivant dans des zones géographiques où un fort contraste de lumière existe, comme par exemple en Scandinavie. Mais pas en France...
"La majorité des études montrent que la fréquence des rapports est supérieure en été et à Noël, commente le Dr Buvat. Elle est influencée par les phénomènes sociaux comme les vacances et les fêtes."
A nous de créer des occasions festives pour faire l'amour : anniversaire de rencontre, de premier baiser ou dîner surprise en amoureux et aux chandelles, toutes les raisons sont bonnes !
Le taux de testostérone hors jeu
Selon le Dr Buvat, président de la Société francophone de médecine sexuelle, la variation suivant les saisons de la production de la testostérone est discutée : les études retrouvent des résultats variables. "Mais dans la majorité des cas, cette variation est inférieure à 10% du taux de testostérone. Il est donc peu probable qu'il y ait un impact sur la fonction sexuelle humaine", conclut le sexologue.
Exception faite d'une ou deux études en Norvège, où la différence de lumière est conséquente selon les saisons et la production de testostérone chute de 30%. Mais, et ce "mais" est surprenant : les taux les plus bas sont retrouvés en... été ! Et les taux culminent en automne et en hiver. A l'inverse des idées reçues sur le sujet.
Les kilos... mauvais pour la libido
Des rumeurs courent... L'hiver favoriserait la prise de poids avec un retentissement négatif sur la libido. En cause un processus d'hibernation, hérité de nos ancêtres, qui s'accompagnerait d'une baisse du désir et de la prise de quelques kilos disgracieux mettant à mal notre libido.
Inutile de se jeter sur les barres chocolatées et les viennoiseries sous prétexte qu'il fait froid : grâce à une invention magique, le chauffage, nous n'avons plus à lutter contre le froid comme nos ancêtres !
Et sans brûler ces calories excessives, forcément nos rondeurs vont prospérer. Alors si elles diminuent l'envie de faire l'amour, deux solutions : faire du sport pour éliminer ou manger moins...
Le Dr Buvat détaille ainsi les liens entre le poids et la sexualité :
"Il existe deux cas où le poids affecte la sexualité, ce sont la dépression saisonnière et l'obésité chez les femmes. Mais pour ces dernières, l'explication résiderait davantage dans les problèmes d'image corporelle, qu'au niveau hormonal. Quelques kilos peuvent suffire pour avoir un retentissement négatif sur la perception que l'on a de son corps et le désir sexuel."
Que ces Messieurs soient aussi attentifs à leur bedaine ou aux poignées d'amour qui s'arrondissent car ils peuvent se sentir moins désirables chargés de ces kilos supplémentaires et leur désir sexuel peut en être affecté.
Hot, caliente, chaud…
Nous fantasmons rarement sur le fait de faire l'amour dans un igloo... Et le vocabulaire sexuel (certes peu distingué) utilise des qualificatifs axés sur la chaleur : une fille est "hot", elle a le "feu aux fesses", etc. De là à penser que la température de notre corps influence notre libido, il n'y aurait qu'un pas.
Mais d'après le Dr Buvat, une température basse ne joue pas sur le désir et le chauffage a révolutionné les choses : nous ne vivons plus les saisons comme nos ancêtres ! Et si la neige qui tombe ne prête pas forcément aux fantasmes, un feu de cheminée (avec ou sans peau de bête) ou un bain chaud à deux sont plus inspirants.
Inventer une sexualité hivernale
A priori, les doudounes et les cols roulés sont moins suggestifs que les robes légères... mais tout est question d'imagination. Le déshabillage peut se révéler beaucoup plus excitant avec plus de couches à enlever...
"En hiver, il faut inventer sa sexualité, elle est moins naturellement animale, et c'est passionnant car plus il y a de l'imaginaire, plus il y a de désir", rajoute le Dr Manon Bestaux, sexologue et présidente du Syndicat national des sexologues cliniciens. "Je conseille de développer ses cinq sens et créer une nouvelle donne dans sa sexualité", conclut-elle.
Et si le froid paralyse et n'incite pas au striptease suggestif, pourquoi ne pas rester habillé en n'ôtant que le strict nécessaire et en s'inventant un scenario ?
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