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Ehpad : "Nous sommes arrivés en situation de maltraitance institutionnelle"

Les arrêts maladies s'enchaînent dans la résidence de Notre-Dame-de-Monts dont le Dr Marcellin Meunier a la charge. A la tête d'une équipe épuisée, il lance un cri d'alarme.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Publié Mis à jour
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Marcellin Meunier est le médecin coordonnateur de l'Ehpad de Notre-Dame-de-Monts depuis dix ans.

Vivre et parler au rythme du patient : c’est ce qu’on apprend en cours de médecine gériatrique. Dans l’Ehpad de Notre-Dame-de-Monts, c’est devenu impossible. "Nous sommes arrivés en situation de maltraitance institutionnelle" s’insurge le docteur Marcellin Meunier. Généraliste et gériatre sur cette commune de Vendée, il est aussi médecin coordonnateur de la résidence "Les Oyats" depuis dix ans. 

Comme dans de nombreux autres établissements, l’équipe tourne en sous-effectif depuis des mois. Dans cet établissement où résident 80 personnes, le nombre de patients en fauteuils roulant a fortement augmenté, passant de dix à 40 entre 2009 et 2019. Pour correctement prendre soin des personnes à mobilité réduite, il faut pouvoir travailler en binôme.

Or en dix ans, le nombre de soignants n'a pas évolué. "On se dépêche en permanence, on n’a plus de temps pour l’écoute. Nous sommes épuisées moralement et physiquement. C’est très difficile psychologiquement", témoigne Lucille Biron, infirmière dans cette résidence depuis onze ans.

Larmes et démissions s'enchaînent

Cet épuisement physique et moral conduit à des arrêts maladie à répétition. Actuellement, une quinzaine de salariés sont en arrêt de travail, et ne sont pas remplacés, ce qui accroît encore davantage la pression sur le personnel présent. La directrice de l'établissement et l'infirmière cadre sont elles-même en arrêt. "Trois infirmières ont démissionné depuis le mois de septembre", s’inquiète le docteur Meunier. Il lui arrive de devoir soigner le personnel soignant en plus des patients. Souvent, les larmes coulent. L’épuisement se généralise.

"On n’en peut plus, on est fatigués et on ne peut plus offrir des soins de qualité", regrette Lucille Biron. Avant d’ajouter : " Cela fait des mois que nous essayons d’alerter la direction sur la surcharge de travail". Sans succès.

"Le conseil départemental, la mairie et l’Agence Régionale de Santé se renvoient la balle mais rien ne bouge. Personne n’est recruté", déplore lui aussi le docteur Meunier. "Un dimanche soir, j’ai craqué et j’ai lancé un appel à l’aide", explique-t-il. Le 5 mai, il poste un long message sur la page Facebook du quotidien régional Ouest France. Alerter l’opinion et attirer l’attention des médias : voici son dernier recours. 

Faire cesser cette "mise en danger"

"Le 19 juin, deux mois se seront écoulés depuis la dernière réunion de concertation avec les autorités. Si aucun changement n’est intervenu d’ici-là, je ne serais plus complice de cette mise en danger du personnel et des patients", prévient le médecin. Il envisage de démissionner. "Je me demande même si je ne vais pas aller porter plainte pour non-assistance à personne en danger", souffle-t-il. Il y a quelques semaines, une résidente, Lydie le Sann, s’est fêlée la clavicule après une chute, le lève-malade était mal accroché. L’aide-soignante était toute seule pour la déplacer.

Le docteur Meunier demande que les 15 personnes en arrêt maladie soit remplacées d’urgence et estime que "pour casser le cercle vicieux", il faut aller plus loin. "Pour travailler correctement, il faudrait recruter 15 aides-soignantes et agents sociaux supplémentaires", estime-t-il. Grâce à cet appel, il espère obtenir de l’aide des autorités. 

Lundi en fin de journée, la mairie de Notre-Dame-de-Monts n'était pas joignable par téléphone. Contactée, l'ARS Pays de La Loire fait savoir qu'une réunion sera organisée dans les prochains jours en présence du maire de la commune, d'un représentant du conseil départemental et d'un représentant de l'ARS avec pour objectif de "faire le point sur la situation". Elle souligne qu'elle n'a reçu aucun signalement récemment, ni de la part de la direction ni de celle d'un ou d'une patiente. Une réunion est prévue le 6 juin afin de discuter des moyens à allouer à l'avenir dans le cadre du CPOM (contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens).

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