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Reportage "C’est plus léger pour les patients" : ce que change le dispositif Sésame dédié à la santé mentale

En cette journée mondiale de la santé mentale, un secteur sinistré alors que les troubles anxieux et dépressifs ont explosé depuis la pandémie de Covid, présentation du dispositif Sésame qui s’appuie sur les médecins généralistes et des infirmières spécialisées.
Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
A la maison de santé des Mureaux (Yvelines), une infirmière en santé mentale est installée au 1er étage et vient en appui à la généraliste dans le cadre du dispositif Sésame. (GOOGLE STREET VIEW)

Comment repérer les gens qui vont mal, sans toutefois mobiliser des psychologues ou des psychiatres difficiles à trouver ? En s'appuyant notamment sur les médecins généralistes et des infirmières spécialisées : voilà ce que propose le dispositif Sésame (Soins d'Equipe en Santé Mentale), piloté par l'Institut Montaigne. Il a fait ses preuves à l'étranger et est testé en ce moment par des professionnels dans les Yvelines. Car le constat est là : des médecins confient être démunis face à tous ces patients qui souffrent d'anxiété ou de dépression et représentent près d'un tiers de leurs consultations. "Il y a des fois, on sait qu’il y a un problème, mais on ne sait pas quoi proposer. Il y a un vide", explique Marie-Hélène Certain.

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Pour ne pas gérer toute seule ces patients, la médecin généraliste travaille avec une infirmière en santé mentale qui est juste à côté de son cabinet, au 1er étage de la maison de santé des Mureaux, dans les Yvelines.

"Quelqu’un se présente qui a des problèmes de sommeil, des douleurs un peu partout et qui s’écroule dans votre cabinet, vous vous apercevez rapidement qu’il y a un problème au travail, par exemple. Le psychiatre, ce n’est pas adapté, le psychologue pas tout de suite ou la personne ne veut pas payer... Ça nous fait quand même quelqu’un qui va travailler avec nous", met en avant la médecin. 

700 personnes déjà suivies

Emmanuelle Laplanche prend donc le relais quand un patient a des troubles dépressifs. Les soins sont gratuits et c'est elle qui appelle pour fixer le premier rendez-vous. La force de l'infirmière en santé mentale, c'est qu'"elle n'est pas psy", explique-t-elle. "C’est quand même plus léger pour eux. Ils vont pouvoir dire : ‘Ok, je ne vais pas très bien moralement’ et ce sera travaillé au fur et à mesure de la prise en charge. Quand je suis arrivée, je me demandais bien comment présenter un psychiatre, à distance, qu’ils ne rencontreraient pas... Et en fait, ils trouvent ça formidable".

"Ils font l’économie de voir le psychiatre et en même temps, ils ont l’avis du psychiatre."

Emmanuelle Laplanche, infirmière en santé mentale

à franceinfo

L’infirmière voit les patients tous les 15 jours et un psychiatre suit leur évolution à distance. C’est une façon de contourner la pénurie de personnel.

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Ce dispositif Sésame, en phase de test, pourrait être généralisé dans toute la France. "Le projet veille à épargner les ressources des psychiatres et du système psychiatrique en général, présente la porte-parole du dispositif, Christine Passerieux, chef du pôle psychiatrie à l'hôpital de Versailles, et à permettre que des personnes qui ont des troubles psychiatriques puissent avoir un bon soin, avec le soutien du médecin généraliste". Ces collaborations entre médecins, infirmières et psychiatres pour traiter des troubles dépressifs et anxieux ont déjà permis de soigner 700 personnes.

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