Les esthéticiennes bientôt autorisées à épiler à la lumière pulsée
Des épilations à la lumière pulsée chez les esthéticiennes ? Selon un projet d'arrêté consulté par l'AFP, le ministère de la Santé s'apprête à ajouter la "lumière pulsée intense" aux techniques d'épilation autorisées hors des cabinets médicaux. Jusqu'ici, la pratique de l'épilation était en effet encadrée par un arrêté de 1962 qui prévoit que "tout mode d'épilation est un acte médical, sauf l'épilation à la pince ou à la cire".
L'épilation par lumière pulsée, ou lampes flash, consiste à envoyer un faisceau concentré de lumière dont la chaleur détruit le bulbe du poil afin de le faire tomber et donc de freiner sa repousse. Cette technique se distingue de l'épilation au laser, qui envoie un faisceau de lumière laser et dont la pratique ne reste autorisée qu’aux dermatologues.
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Un risque de "retard de diagnostic" médical
La décision d’autoriser les esthéticiennes à pratiquer l’épilation à la lumière pulsée est dénoncée par les dermatologues. Ils jugent en effet que l'utilisation de ces appareils par des non-médecins fait courir des risques aux patients. "Il ne faut pas laisser des actes médicaux entre les mains de personnes qui ne sont pas formées pour ça", déclare ainsi à l'AFP le docteur Luc Sulimovic, président du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV).
De plus, "les technologies fondées sur la lumière, qu'elles soient utilisées à des fins médicales ou esthétiques, ont des actions thérapeutiques en profondeur sur les cellules et les tissus", plaide le syndicat. "A ce titre, un diagnostic doit être posé avant toute utilisation d'un appareil à rayonnement optique et doit rester dans un cadre médical", appuie le SNDV. C’est pourquoi, selon le docteur Sulimovic, l'utilisation de cette technique en institut représente un risque de "retard de diagnostic", car un œil "non médecin" ne sera pas à même de déceler un mélanome ou une hyperpilosité liée à une maladie endocrinienne.
La défense d’un monopole lucratif ?
Le président du SNDV souligne également "les contradictions" du texte que le ministère leur a soumis pour avis, puisque les infirmiers ne pourraient utiliser le dispositif que sous la supervision d'un médecin, en dépit de leur "formation médicale substantielle", ce qui n'est pas le cas des esthéticiennes.
Le SNDV attaque d’ailleurs régulièrement en justice les instituts pratiquant l'épilation par lumière pulsée, y voyant un "exercice illégal de la médecine". Plusieurs condamnations en ce sens ont été prononcées entre 2009 et 2016.
Mais en 2016, la défense des enseignes de soins esthétiques condamnées par le tribunal correctionnel de Paris avait dénoncé les intérêts économiques des médecins, plus préoccupés selon elle par la défense d'un monopole lucratif que par des impératifs de santé.
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