"Protéger vos reins, c'est sauver votre coeur", tout un programme au service de la Journée mondiale du rein jeudi
Alors qu'un adulte sur 10 souffre d'affection rénale, beaucoup ignorent les risques cardiovasculaires associés.
Selon le Pr Godin, président de la Fondation du rein en France, "un patient atteint de maladie rénale chronique risque beaucoup plus de mourir d'un accident cardio-vasculaire que d'atteindre le stade ultime de l'insuffisance rénale".
Les reins, qui ont une fonction d'épuration, filtrent quelque 180 litres d'eau par jour dont la quasi-totalité est réabsorbée par l'organisme, le reste part dans les urines.
Hormis les crises de colique néphrétiques - calculs rénaux - qui, habituellement, ne sont pas graves, les maladies rénales (plus de 500 millions de personnes touchées dans le monde) ne font pas mal. Une des explications de leur méconnaissance par les malades. On ne les diagnostique souvent que parce qu'un jour, on découvre de l'hypertension artérielle, des oedèmes ou encore parce qu'on décèle, à l'occasion d'un bilan de santé, une augmentation de la créatinine sanguine, reflet du mauvais fonctionnement des reins, explique le Pr Godin qui précise qu'"en France, près de 3 millions de personnes ont une maladie rénale".
Parmi ceux-ci, tous ne vont pas évoluer vers une insuffisance rénale terminale qui conduit à la dialyse ou à la greffe. Mais une grande partie va mourir d'accidents cardio-vasculaires, car le fait d'avoir une insuffisance rénale est un facteur de risque vasculaire au même titre que l'hypertension, le diabète, etc., détaille Michel Godin.
Ce lien rein-coeur repose sur des mécanismes complexes, ainsi que sur la fréquence du diabète, mais il est aussi lié à des anomalies de la coagulation, de l'inflammation, notamment.
Une surveillance à mener
L'hypertension artérielle, connue pour être une source d'attaques cérébrales, détériore aussi les artères des reins. L'hypertension artérielle et le diabète sont pour 40 à 50% en moyenne à l'origine des mises en dialyse (près de 60% au Pakistan par exemple).
Une des conséquences de l'atteinte des reins est l'altération de leurs vaisseaux et plus spécialement de cellules directement au contact du sang. Ces cellules synthétisent alors des substances nocives pour le coeur et les artères. Il existe également chez les insuffisants rénaux, un défaut du métabolisme de la vitamine D qui favorise des dépôts de calcium dans les coronaires, sur les valves cardiaques et dans les vaisseaux en général.
La présence anormale de protéines (albumine) dans les urines est un marqueur du risque vasculaire, son aggravation spontanée est de mauvais augure, au contraire, de sa diminution sous traitement.
Le risque de mortalité cardio-vasculaire est augmenté d'un facteur 15 à 30 chez le patient hémodialysé et d'un facteur de 2 à 3 chez ceux atteints d'une insuffisance rénale modérée, selon la Fondation du rein. "Lorsqu'il y a une petite défaillance rénale, elle va continuer à s'aggraver, mais on sait freiner la dégradation notamment en normalisant la tension artérielle avec un traitement adéquat", rassure le Pr Godin.
Et d'ajouter: "On prend vraiment en considération le tabac, l'hypertension, le sucre sanguin, l'excès de cholestérol, de poids, le manque d'activité physique... Bref, il faut resserrer les boulons sur les autres facteurs de risque cardiovasculaire". C'est pourquoi il faut contrôler le dosage de la créatinine dans le sang à partir de 60 ans, ce qui est prudent lorsqu'on prend par ailleurs certains médicaments afin d'éviter les surdosages dangereux. En cas d'anomalie, la recherche d'albumine dans les urines (test bandelette) est également conseillée.
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