L'hôpital face à la pénurie des manipulateurs radio : "Ils sont tellement précieux que nous les chouchoutons"
S'il manque des milliers d'infirmiers dans les hôpitaux français, une autre profession manque cruellement : celle de manipulateur radio. Il en manque entre 1 500 et 2 000.
"Sans les manipulateurs radio, les médecins ne peuvent pas travailler". Les mots sont ceux de Claire, en formation pour devenir manipulatrice radio, "manip" comme on les appelle à l'hôpital. Si la pénurie d'infirmiers ou encore de médecins urgentistes est connue, elle l'est moins pour cette profession méconnue et pourtant ô combien importante pour le fonctionnement de l'hôpital.
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Les "manip" sont ceux qui installent les patients et réalisent les radios, IRM et scanners. Ils sont là 24h/24 pour diagnostiquer la moindre fracture. Or ce métier de la santé, lui aussi, est sous forte tension. On estime en France qu'il en manque entre 1 500 et 2 000. Il n'y pas assez de professionnels formés dans les écoles et certains étudiants bifurquent finalement vers d'autres métiers. "L'imagerie est la base du diagnostic, explique pourtant Claire. C'est très important. Si les manipulateurs radio ne sont pas là, les médecins ne peuvent pas travailler puisque c'est nous qui faisons les images."
Des fermetures de services de radiologie
Matthieu Caby, président de l'AFPPE, association qui représente les manipulateurs radio, poursuit : "Il y a aujourd'hui des fermetures de cabinet de radiologie sur une journée ou plusieurs journées. Cela va ralentir la prise en charge du patient et le diagnostic des pathologies. Parfois même, dans le cadre de traitement par radiothérapie, la fermeture pure et simple de vacations par manque d'effectif."
Des patients atteints de cancer vont par exemple devoir attendre ou repousser leur traitement à cause de personnel manquant. Les "manip" radio sont une denrée extrêmement rare, confirme la professeure Marie-Pierre Revel, spécialiste de l'imagerie thoracique à l'hôpital Cochin à Paris : "Nos manipulateurs sont tellement précieux que nous les chouchoutons."
"Nous faisons tout pour qu'ils restent et nous allons même les chercher dès l'école en finançant leurs études. Cela les engage à rester au moins deux ou trois ans dans les hôpitaux publics."
Marie-Pierre Revel, cheffe de service à l'hôpital Cochin à Parisà franceinfo
Ainsi, en plus de s'être fait payer sa formation Bac+3, Claire touche un salaire pendant ses deux dernières années d'études. Si elle a choisi de travailler dans le public, les cabinets de radiologie privés font aussi les yeux doux aux étudiants. "Ma copine, on lui a proposé 3400 nets à la sortie de l'école en travaillant trois jours et demi par semaine", confie-t-elle.
Cette année, le nombre de manipulateurs formés va augmenter de 10%. Cependant, avec les besoins grandissants de la société en imagerie, il faudra certainement plusieurs années et plusieurs promotions pour pallier la pénurie.
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