Les délais pour consulter un médecin ont explosé depuis 2012, selon une étude
Le temps d'attente moyen est passé en cinq ans de 48 à 61 jours chez un spécialiste, dévoile une étude publiée jeudi par "Le Figaro".
Vous avez l'impression d'attendre plus longtemps qu'avant pour obtenir un rendez-vous chez votre médecin ? Vous avez raison. Selon une étude de l'Observatoire de l'accès aux soins, réalisée par l'Ifop pour le cabinet de conseil Jalma et dévoilée par Le Figaro, jeudi 23 mars, le temps d'attente moyen est passé en cinq ans de 48 à 61 jours chez un spécialiste, voire à plus de 115 pour certaines spécialités dans des régions désertées. Franceinfo vous détaille cette étude.
Le constat : des chiffres alarmants
"Toutes les spécialités majeures sont concernées", écrit Le Figaro. En ville, il faut désormais attendre en moyenne 117 jours en 2017 pour décrocher un rendez-vous chez un ophtalmo, soit 13 de plus qu'en 2012. Pour voir un gynécologue, il faut compter 68 jours, soit, là aussi, 13 jours de plus. Pour les dermatologues, les délais explosent : 64 jours, soit 23 de plus qu'en 2012. Pour voir un généraliste, il faut maintenant patienter une semaine, le double qu'en 2012, pour décrocher un rendez-vous. A l'hôpital, les délais d'attente (hors urgence) sont parfois plus courts qu'en ville, selon les spécialités. Les disparités ne concernent pas seulement les spécialités mais les territoires. Le Nord est ainsi le plus pénalisé.
La conséquence : les Français renoncent à se soigner
Ces délais d'attente allongés ont des conséquences très concrètes dans la vie des Français. Ils sont la première cause de renonciation aux soins, selon le baromètre Jalma. Ainsi, près de deux Français sur trois renoncent à se faire soigner chez un spécialiste car il est trop difficile d'obtenir un rendez-vous rapidement. Le coût de la consultation, lui, fait renoncer moins d'un Français sur deux. "Une plainte qui devance même le coût restant à la charge de l'assuré (cité par 34% des sondés), alors même que celui-ci a augmenté ces dernières années avec l'introduction de contrats responsables, obligeant les mutuelles à plafonner le remboursement des dépassements d'honoraires", précise Le Figaro.
L'explication : une population de médecins vieillissante et le développement d'activités librement tarifées
La tendance n'est pas près de s'inverser. Première cause de cet allongement des délais : le vieillissement de la population médicale. Ainsi, 47% des généralistes ont plus de 55 ans. Or, le renouvellement des médecins ne permet pas de pallier les prochains départs à la retraite ni l'augmentation du besoin médical lié au vieillissement de la population. "En 2025, il y aura 23% de consultations en moins par patient et par an et 19% de moins en en ophtalmologie, professions déjà sinistrées en termes de délais d'attente", explique au Figaro Mathias Matallah, le président de Jalma.
Autre explication : "Une partie des médecins, jugeant que leurs honoraires n'ont pas ou peu été réévalués, se concentrent sur des activités librement tarifées, ce qui diminue progressivement l'offre de soins de ville, indique le quotidien. C'est le cas de certains généralistes, qui se spécialisent par exemple dans la médecine du sport, l'ostéopathie, la nutrition et autres pratiques, non ou peu encadrées en termes de prix."
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