La réanimation est "un métier formidable, mais le statut est fort minable", dénonce une infirmière
Une grève est organisée mardi par des infirmiers et aides-soignants, pour réclamer une meilleure rémunération et une réelle formation.
"Une infirmière qui démarre en réanimation gagne un peu plus de 1 400 euros net par mois, avec les nuits et les week-ends", décrit sur franceinfo Florence Georges, infirmière de réanimation à Beauvais et co-fondatrice de l'Union des réanimations de France pour une reconnaissance, un groupe Facebook à l’initiative d'un appel à la grève mardi 11 mai. Les infirmiers et aides-soignants réclament l'application d'une prime qui existe déjà dans d'autres services spécifiques, ainsi qu'une véritable formation.
franceinfo : Pourquoi organisez-vous cette journée de mobilisation dans les services de réanimation ?
Florence Georges : Ce mouvement a débuté parce qu'on a essayé d'obtenir une reconnaissance au niveau local dans nos hôpitaux, à Beauvais comme dans d'autres réas de France. Il s'avère qu'il n'y a aucun texte qui peut appuyer notre demande de reconnaissance. Il existe bien des primes pour certaines spécialités, mais pour l'instant, la réanimation ne rentre dans aucune case. Donc le mouvement a eu vocation à rassembler, à unir les réas de France de manière à se faire entendre ensemble, unis dans un même mouvement.
Vous réclamez donc de meilleurs salaires pour les infirmiers et aides-soignants en réanimation, combien gagnent-ils aujourd'hui ?
Cela dépend de l'ancienneté, bien évidemment, mais une infirmière qui démarre en réanimation aujourd'hui, avec les nuits et les week-ends, gagne un peu plus de 1 400 euros net. Ce sont des infirmiers, des aides-soignants de soins généraux, donc on gagne exactement le même salaire que dans un autre service et on est donc parfois moins payés que dans certaines spécialités, puisque par exemple en dialyse, au bloc opératoire ou dans les services de gériatrie, les services ont une prime de spécificité qu'on n'a pas en réa. Pourtant, cette prime s'adresse à des services spécifiques, c'est la nouvelle bonification indiciaire, la NBI qui est appliquée par décret dans ces services-là et la réanimation ne rentre pas dans ces cases.
Vous réclamez aussi une formation obligatoire pour votre métier, qui a été mis en lumière par la crise du Covid...
Ce que l'on réclame, c'est que la formation soit reconnue. Aujourd'hui il y a des modules particuliers qui sont enseignés dans les instituts de formation, mais la réanimation ne fait pas partie de ces formations obligatoires. Quand on arrive en réanimation, on est formé par les anciens. Cette formation dure, selon les hôpitaux, entre 15 jours et deux mois. Nous, on réclame un peu plus de théorie et un peu plus de pratique avant de pouvoir vraiment travailler seul. On sait très bien qu'en réanimation, il faut à peu près un an pour qu'une infirmière ou une aide-soignante se sente à l'aise pour pouvoir prendre en charge ses patients. La réa, ça ne s'invente pas, ce n'est pas un métier qu'on peut apprendre sur le tas. C'est un métier formidable mais le statut, pour l'instant, est fort minable !
Cette grève est-elle très suivie ? Quelle forme prend-elle ?
Aujourd'hui, il y a presque 3 700 membres sur le groupe, ce sont des infirmiers, des aides-soignantes ou des syndicats qui nous ont rejoints, certains médecins aussi soutiennent le mouvement, et ça concerne la France entière. La grève est suivie dans 139 villes, avec parfois plusieurs hôpitaux et plusieurs services par ville. On est très suivi, parce que je pense que tout le monde attendait ce mouvement avec impatience. Aujourd'hui, on est fatigué, mais on reste uni, c'est la force des équipes de réanimation. Bien sûr, il n'y a aucune perturbation dans les services de réanimation, puisque le personnel est assigné. Nous nous mobilisons sur notre temps de repos et comme nous sommes des petits services, ça ne représente pas une grande population. Mais on espère que la population entière va nous suivre.
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