Préservatifs gratuits pour les 18-25 ans : "C'est une bonne nouvelle", mais "il faut passer à la vitesse supérieure", estime un médecin
Pascal Pugliese explique sur franceinfo que la fréquence des infections sexuellement transmissibles chez les jeunes "est élevée et continue à augmenter".
"C'est une bonne nouvelle", mais "il faut passer à la vitesse supérieure", a estimé vendredi 9 décembre Pascal Pugliese, président de la coordination nationale de la lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST) en région Paca, alors qu'Emmanuel Macron a annoncé jeudi la gratuité des préservatifs pour les 18-25 ans en pharmacie dès 2023. Selon ce médecin au CHU de Nice, il y avait urgence, parce qu'"il y a une fréquence des infections sexuellement transmissibles qui est élevée et qui continue à augmenter chez les jeunes", a-t-il indiqué.
franceinfo : L'annonce d'Emmanuel Macron arrive-t-elle à point ?
Pascal Pugliese : C'était le bon moment. C'est une information surprise, mais elle l'était attendue par les acteurs de la lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST). Le constat actuellement, c'est qu'il y a une fréquence des IST qui est élevée et qui continue à augmenter chez les jeunes. Il existe aussi des différences d'exposition des jeunes, au risque d'IST en fonction de leur pratique sexuelle et de leur statut social. Par exemple, l'épidémie VIH n'est pas contrôlée chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes. Et puis, les jeunes économiquement défavorisés ont moins souvent recours que les autres au dépistage et à la prise en charge des IST, ainsi qu'à certaines vaccinations comme le HPV (Papilloma virus). Donc, toutes les actions qui visent à assurer une égalité d'accès sociale et territoriale à la prévention comme le préservatif est une bonne nouvelle.
Comment expliquer ce recul du réflexe préservatif chez les jeunes?
On constate qu'il y a une stagnation des ventes de préservatifs depuis plusieurs années. Il y a aussi un constat, probablement de moindre disponibilité des préservatifs chez les acteurs communautaires ou dans les centres de prévention. Aussi, il nous faut passer à la vitesse supérieure. Il y a eu des expérimentations qui ont été mises en place, comme le pass-préservatif. Mais finalement, on va directement vers la mise à disposition gratuite. Il faut savoir aussi qu'il y a un contexte économique qui n'est pas évident et que peut-être le premier réflexe en ce moment, par les temps qui courent, ce n'est pas forcément d'acheter des préservatifs.
Comment les jeunes pouvaient-ils se procurer des préservatifs jusqu'à maintenant ?
Il existait déjà depuis 2018 deux marques de préservatifs qui sont remboursées quel que soit l'âge par l'assurance maladie sur ordonnance. On peut déjà trouver aussi des préservatifs gratuits dans les centres de dépistage et auprès de certaines associations, mais les mettre à disposition gratuitement dans les pharmacies d'officine, c'est une bonne chose. Aller chez son médecin pour demander une ordonnance, même si c'est une ordonnance qui est renouvelable pour un an, ce n'est pas si simple que ça. Et puis chez les jeunes, il n'y a pas forcément le réflexe d'aller chez son médecin généraliste ou d'aller dans les centres de santé sexuelle qui peuvent mettre à disposition des préservatifs.
Seriez-vous pour avancer l'âge minimum, par exemple à 16 ans ?
Il faut avoir une approche pragmatique et il faut vraiment discuter pour essayer de diminuer cet âge minimum.
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