Pour deux instances consultatives, le futur plan gouvernemental sida 2010-2014 est "timoré"
La Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida jugent que ce plan "ne se donne ni l'ambition ni les moyens de faire régresser l'épidémie".
Regrettant de n'avoir eu qu'un document "partiel" et des "délais très courts" pour travailler, ces instances se réservent le droit de "compléter leurs observations" à la présentation du plan.
Dans leur avis conjoint, la Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida rappellent qu'environ 50% des personnes dépistées le sont avec un retard préjudiciable au traitement, alors qu'il fait aujourd'hui de la séropositivité une maladie chronique qui peut ne plus devenir contaminante. Il est donc "indispensable" de "redéfinir la stratégie de lutte contre l'épidémie autour du dépistage et du traitement" - un objectif qui fait "consensus".
Concernant la question du dépistage, le projet de plan est "peu ambitieux" et "l'impression prévaut que l'on se satisfait d'une baisse très relative, limitée à certains groupes de population, du nombre de nouvelles contaminations en France", soulignent encore les deux instances. Ainsi, alors que la Haute autorité de santé avait suggéré que le test de dépistage soit proposé "à l'ensemble de la population", "hors notion d'exposition à un risque", cette idée a été abandonnée.
"Le document stratégique n'apporte aucun élément explicatif sur les raisons de ce renoncement, qui marque le refus des pouvoirs publics de s'engager dans la stratégie volontariste d'élargissement et de banalisation de l'offre de dépistage que préconisent depuis plusieurs années l'ensemble des instances expertes", ajoutent la Conférence nationale de santé et le Conseil national du sida.
En outre, le plan ne prévoit un dépistage annuel que pour certains groupes de population (homosexuels, usagers de drogue par injection, Guyanais), mais pas par exemple pour les prostitués, les partenaires de personnes infectées... Et la suggestion de la Haute autorité de santé de proposer le test lors d'une interruption volontaire de grossesse, en cas d'infection sexuellement transmissible ou en cours d'incarcération n'est pas prévue dans le document.
La prévention du Sida exige une nouvelle politique sur la drogue
La prévention du Sida exige de nouvelles politiques contre la drogue, car l'approche répressive en cours contribue à la propagation de l'épidémie, estiment des experts, dont l'une des découvreuses du virus, la chercheuse française Françoise Barré-Sinoussi, dans un document publié le 28 juin.
"Nous voulons faire la promotion d'une approche scientifique de la politique sur la drogue, qui commence par reconnaître que l'addiction n'est pas un crime mais une maladie", indique ce groupe dans un texte intitulé Déclaration de Vienne.
Cet appel intervient à trois semaines de l'ouverture de la 18e Conférence mondiale sur le sida, qui va réunir quelque 25.000 professionnels dans la capitale autrichienne.
La criminalisation des toxicomanes est dans certains pays un vecteur de propagation de l'épidémie: au lieu de se soigner, les malades vivent leur dépendance le plus discrètement possible, s'échangeant les seringues, et ne bénéficient souvent d'aucun service. Une contamination sur trois en dehors de l'Afrique sub-saharienne est liée à l'injection de drogue. En Asie centrale et en Europe de l'Est, seules régions où l'épidémie progresse, il s'agit du premier facteur de contamination.
Les scientifiques signataires de la Déclaration de Vienne demandent aux gouvernements d'agir: "Les personnes droguées ont le droit d'avoir des traitements pour prévenir les infections, s'ils vivent avec le VIH à des antirétroviraux", a souligné Brigitte Schmied, présidente de la Société internationale sur le sida, co-organisatrice de la conférence internationale sur le sida.
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