: Vidéo Anna Roy : "Monsieur le président, je voudrais vous parler des conditions dans lesquelles les femmes accouchent, en France, en 2020."
Voici le message de la sage-femme Anna Roy adressé au président de la République.
La sage-femme Anna Roy a un message pour Emmanuel Macron. Elle pointe les conditions de travail des personnels soignants, notamment des sages-femmes. "En salle d'accouchement, quand vous avez trois femmes en travail plus les urgences à gérer, vous êtes dans la maltraitance, vous ne pouvez pas faire autrement. Alors, des fois, heureusement, il y a des gardes calmes et on arrive à faire notre travail correctement mais la plupart du temps, c'est l'horreur puisqu'on est pris entre quatre feux, c'est le cas de le dire, et donc, oui, on devient maltraitants. On est maltraitants", lance-t-elle. Elle ajoute : "Dans les services de maternité ou partout, l'exemple typique, c'est : "Je reviens dans deux minutes." Et en fait je reviens trois heures après, si je reviens. Et des fois, c'est sur des choses importantes."
"On est la première arche par laquelle se transmet l'humanité"
Anna Roy rappelle également que certaines femmes qui ont envie d'accoucher sans péridurale ont "le droit d'avoir une sage-femme avec elles". Aussi, selon la sage-femme, il est question d'un non-respect de la dignité de la personne. "Il y a quand même des choses très importantes qui doivent être sacralisées, je veux dire, il y a la pudeur, il y a la gentillesse, c'est des choses qui sont très importantes pour les gens quand ils viennent", estime-t-elle.
"Je n'ai pas envie de négocier sur des choses qui sont évidentes"
"Il y a dix ans, j'étais mue par un désir très fort d'aider les autres, de secourir la vie, d'être au service de la vie", explique Anna Roy. Elle précise : "Et pour ça, j'ai accepté de ne plus avoir de soirées d'été, j'ai accepté de ne pas avoir de Noël, j'ai accepté d'être payée au lance-pierre, j'ai accepté tout ça. J'ai renoncé à beaucoup de choses pour ça." Pour travailler dans la dignité, Anna Roy estime qu'il faut une sage-femme par salle d'accouchement. "Il suffit d'un décret parce que, là, je connais l'histoire, on va nous dire : "On va faire des groupes de travail, des commissions, des machins…" Non. Je veux dire, on va pas encore faire quatre heures de réunion, dix semaines de réunion pour accoucher d'une crotte de souris, voilà : il suffit d'une femme par sage-femme. Point, point, point."
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