Plan pour les Ehpad : "Il est scandaleux qu'on ne prenne pas mieux en charge nos anciens", témoignent des familles
Des mesures doivent être annoncées mercredi, alors que de nombreuses familles se plaignent des conditions de vie de leurs anciens dans ces établissements, faute de personnel suffisant.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, doit annoncer, mercredi 30 mai, des mesures en faveur des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Un secteur touché par des grèves inédites en janvier et en mars, pour obtenir des moyens supplémentaires. Il est question de rendre obligatoire la présence d'une infirmière de nuit dans chaque Ehpad et de créer 20 000 postes en trois ans. C'est insuffisant selon des proches de pensionnaires.
Un plan réclamé pour "l'accueil" au quotidien
Liliane et ses cousines ont placé leur grand-tante presque centenaire dans une maison de retraite médicalisée du 20e arrondissement de Paris. Elle n'est pas convaincue par les projets prêtés au gouvernement. "Ce sont des mesurettes, ça ne sert à rien", lance-t-elle, agacée par un plan "sans ambition", alors qu'elle souhaite "une vraie politique d'accueil des personnes âgées".
Il faut se poser la question de savoir si les Ehpad répondent aujourd'hui aux besoins des personnes âgées.
Liliane, parente d'une pensionnaire de maison de retraite à Parisà franceinfo
La grand-tante de Liliane, âgée de 99 ans, n'est plus autonome. Elle peine à se déplacer, à se déshabiller, à se laver seule. Elle pensait trouver dans cet établissement aide et réconfort, confie sa petite-nièce. La réalité est beaucoup plus crue. "La toilette est faite en cinq minutes. On n'a pas le temps. C'est 'VMC' comme on dit : 'visage, mains, cul'. Les draps sont changés une fois toutes les cinq semaines. Il faut qu'elle se batte pour avoir des serviettes de toilette propres. Il n'y a pas de vie sociale, témoigne Liliane. Il n'y a pas de contact, ou peu, avec les aides-soignantes parce qu'elles n'ont pas le temps. Quelquefois elle me dit : 'À 22h30, je n'étais toujours pas couchée parce qu'ils m'avaient oubliée.'"
Un personnel en sous-effectif
Catherine, elle aussi, décrit des conditions d'accueil difficiles pour son père âgé de 85 ans. Le vieil homme, atteint de la maladie d'Alzheimer, est pourtant dans un Ehpad privé. "Quasiment à chaque fois quand on arrive, notre père et ses voisins sont abandonnés devant une table, tous seuls, complètement écroulés, assure-t-elle.
Personne ne les prend pour les mettre dans leur lit ou dans un fauteuil confortable.
Catherine, fille d'un pensionnaire d'Ehpadà franceinfo
Le retraité, dit sa fille, est livré à lui-même, déambule dans les couloirs. En deux ans, il a perdu sept kilos. Voir son père dans cet état affecte Catherine. "C'est complètement minant parce qu'il n'est pas maltraité en tant que tel, mais c'est toujours à la limite de la maltraitance, affirme sa fille. Le manque de soin, c'est quand même une forme de maltraitance. Évidemment que ça pourrait être autrement."
Les deux parentes de pensionnaires n'en veulent pas à un personnel fatigué, surmené car en sous-effectif. Un professionnel pour 15 résidents est prévu dans l'établissement où vit la grand-tante de Liliane. Mais, le constat est là : le lien humain s'étiole. "Il y a une perte de dignité, il n'y a pas de respect de la personne, déplore Liliane. On a l'impression qu'elles viennent-là pour mourir alors qu'elles meurent un peu plus tôt, un peu plus tard, ce n'est pas très grave... Je trouve scandaleux qu'au XXIe siècle, on ne prenne pas mieux en charge nos anciens."
Selon Liliane, pour changer le fonctionnement des maisons de retraite, il faut d'abord changer le regard que la société porte sur ses aînés.
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