Glyphosate : la France favorable à un abandon "dans un délai proche"
Cancérigène probable selon une agence de l’OMS, mais pas selon une sérieuse étude américaine publiée début novembre, que faut-il faire du glyphosate ? Pour la ministre de la Santé Agnès Buzyn, la réponse est limpide : la France reste en faveur du retrait de cet herbicide "dans un délai proche". "Pour l'instant, tant que le niveau de risque -qui est cancérogène probable- n'est pas rétrogradé, nous restons dans la même ligne qui est par principe de précaution, d'aller plutôt vers une non-utilisation dans un délai proche", a-t-elle dit vendredi sur LCI.
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L'étude récemment parue aux Etats-Unis "va s'ajouter aux nombreuses études" déjà publiées, dont certaines n'établissaient pas de lien avec le cancer, a noté Mme Buzyn. "Les agences d'expertise internationales, en particulier le Centre de recherche sur le cancer (CIRC) qui a classé le glyphosate en cancérogène probable, vont certainement prendre en compte cette étude pour évaluer le risque, et nous attendons des expertises qui vont venir dans les années qui viennent."
Controverse scientifique autour de la dangerosité du glyphosate
Des chercheurs américains ont suivi pendant 20 ans 50.000 travailleurs agricoles en Iowa et en Caroline du Nord. Leur étude, publiée le 9 novembre dans la revue Journal of the National Cancer Institute, n'a pas montré d'association statistique entre glyphosate et cancers, qu'il s'agisse de tumeurs ou de cancers du sang. Les "éléments montrant un risque accru de leucémie myéloïde aiguë parmi le groupe le plus exposé" demandent confirmation, ajoute l'étude.
Le CIRC, agence de l'OMS composée de scientifiques internationaux, a elle classé le glyphosate "cancérogène probable" en 2015, sur la base des recherches publiées, notamment des études d'exposition agricole ainsi que sur des animaux en laboratoires.
Les pays européens n’arrivent pas à s’accorder
Les pays européens sont divisés sur la durée de renouvellement de la licence de l'herbicide le plus utilisé au monde, à travers le Roundup du groupe Monsanto, la France prônant trois ou, à la limite, quatre ans maximum. Leurs représentants se réuniront de nouveau à Bruxelles lundi.
"Les négociations sont en cours" sur ce délai, a rappelé Mme Buzyn. "Il faut le temps de trouver les substitutions (au glyphosate), il ne faut pas mettre les agriculteurs dans une situation impossible. Je veux aussi qu'on soit raisonnable. Il y a aujourd'hui beaucoup de cancérogènes avérés et ils ne sont pas interdits, je pense notamment au tabac et à l'alcool. Dans le cas du glyphosate, on est dans un cancérogène probable, il faut le temps de la substitution."
Avec AFP
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