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"Plus de 3 000 médicaments sont en situation de pénurie", alerte la présidente de la commission sénatoriale d'enquête sur la pénurie de médicaments

Selon Sonia de La Provôté, le manque d'amoxicilline a créé un "effet domino" en raison de l'utilisation de substituts, et désormais "toute la chaîne des antibiotiques est en pénurie".
Article rédigé par franceinfo
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Sonia de La Provôté, sénatrice Union Centriste du Calvados, présidente de la commission sénatoriale d'enquête sur la pénurie de médicaments. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"On manque de toute sorte de médicaments", alerte sur franceinfo vendredi 12 mai Sonia de La Provôté, sénatrice Union Centriste du Calvados, présidente de la commission sénatoriale d'enquête sur la pénurie de médicaments et les choix de l'industrie pharmaceutique. D'après la sénatrice, "un peu plus de 3 000 médicaments sont en situation de pénurie, sans compter ceux qui sont en tension".

Tous les secteurs sont touchés, "de la pédiatrie aux antibiotiques", dont le médiatique amoxicilline. Concernant ce dernier, les boîtes arrivent "au compte-gouttes" dans les pharmacies. "C'est un peu la galère pour les patients pour trouver l'antibiotique en question", souligne Sonia de La Provôté. Une pénurie qui n'est pas sans conséquence, précise la présidente de la commission sénatoriale d'enquête puisqu'elle a entrainé "un effet domino. (...) On a substitué par d'autres antibiotiques au fur et à mesure et c'est toute la chaîne des antibiotiques finalement, dans toutes les classes thérapeutiques, qui est en pénurie actuellement", déplore-t-elle. Plus grave encore, sont aussi concernés "des anticancéreux et des antiépileptiques, explique l'élue.

"C'est toute la prise en charge thérapeutique qui est déstabilisée"

Sonia de La Provôté

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Si la substitution par d'autres médicaments reste possible, elle n'est pas sans risque prévient également la sénatrice. "Il y a un effet secondaire en matière de coût pour la santé au sens propre comme au sens figuré. Quand on remplace par un autre médicament, ce n'est pas exactement le même. Donc forcément la prise en charge thérapeutique est un peu différente. Des fois on y parvient bien et des fois on y parvient mal ou moins bien", reconnaît Sonia de La Provôté qui dénonce aussi "des retards de prise en charge".

La situation risque de s'aggraver encore

Cette situation n'est pas inédite, selon la sénatrice qui rappelle que la première mission du sénat remonte à l'été 2018. A l'époque, 700 médicaments étaient en situation de pénurie. Ils sont plus de 3 000 aujourd'hui. "On a vu les choses arriver, on ne peut pas dire qu'on ne s'est pas rendu compte", dénonce la présidente de la commission d'enquête qui redoute de voir la situation s'aggraver davantage.

Les sénateurs fustigent la mauvaise stratégie autour de l'industrie pharmaceutique permettant ces dernières années de délocaliser la fabrication de matière première à l'étranger, notamment dans les pays asiatiques frappés de plein fouet à partir de 2020 par la pandémie de Covid. "Là où on en est actuellement : c'est qu'on ne fabrique quasiment plus de chimie. On recommence seulement un peu", regrette Sonia de La Provôté qui réclame "de reconstituer toute la chaîne de valeur du médicament". Chose qui ne sera pas simple à mettre en œuvre puisqu'il s'agit de sites classés Seveso. "On ne pourra pas le faire pour 6 000 médicaments, il faut le faire pour une 'hort list, mais de médicaments essentiels pour lesquelles on doit être capable de répondre à la moindre alerte", conclut-elle.

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