Vers la fin des mutuelles étudiantes ?
Une mutuelle étudiante est un organisme à but non lucratif qui vend des complémentaires santé ou des assurances. Ces prestations sont facultatives pour les affiliés. À ces activités commerciales s'ajoute une mission de service public. Depuis 1948, l'Etat leur a confié la gestion du régime d'assurance maladie obligatoire des étudiants à la place de la Caisse nationale d'assurance maladie. Les mutuelles doivent donc aussi affilier les étudiants à la Sécurité sociale, délivrer des cartes vitales, rembourser des feuilles de soins…
Simplifier les démarches administratives
Mais, le gouvernement semble vouloir mettre fin à ce régime d'exception. Fin août 2017, la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal détaille le projet : "Les étudiants pourraient bénéficier du régime général de la Sécurité sociale. La spécificité de la santé étudiante doit se faire avec les étudiants eux-mêmes et avec les organisations. Cela fait partie des discussions que nous aurons".
Cette réforme devrait permettre de simplifier les démarches administratives. Selon Bruno Chrétien, président de l’Institut de la protection sociale, "l'idée est d'éviter qu'un étudiant soit d'abord au régime général quand il est avec ses parents, qu'il change ensuite quand il devient étudiant et qu'enfin il revienne au régime salarié ou dans un autre régime. Il faut éviter ces va-et-vient".
50 millions d’euros d'économie chaque année
Cette réforme rapporterait environ 50 millions d'euros à l'Etat par an. Mais elle inquiète les mutuelles étudiantes. À la SMEREP, la gestion de la sécurité sociale étudiante représente 75% de l'activité. Elle risque donc de perdre beaucoup d'argent. La SMEREP touche en effet des remises de gestion pour effectuer cette mission de service public.
Son président, Hadrien Le Roux, s'inquiète de cette perte financière. "Comment pourra-t-on rémunérer les salariés qui travaillent à la SMEREP pour les étudiants ? On parle de suppression du régime des étudiants. Mais, on ne parle pas du tout des personnes qui travaillent depuis 30 à 40 ans dans cette maison".
Autre sujet d'inquiétude pour Hadrien Leroux : la santé des étudiants. Si les mutuelles perdent leur délégation de service public, elles perdent également leur mission de prévention auprès de leurs affiliés. "Nous faisons de la prévention par les pairs. Nous formons des étudiants à aller délivrer des messages de prévention sur les dangers et risques liés à la surconsommation d’alcool, au tabac, à la prise de produits psychoactifs… Je suis convaincu qu’au vu de la qualité de service qui est proposé aux étudiants, le régime général ne sera pas en mesure de la faire".
Les mutuelles dans le viseur des syndicats étudiants
La Fage, le 1er syndicat étudiant, n’est pas vraiment convaincu par ces arguments. Favorable à la réforme, elle dénonce la mauvaise gestion des mutuelles étudiantes. En cause : un mélange des genres entre missions sociales et commerciales. Jimmy Losfeld, le président de la Fage, ajoute : "Il y a une concurrence un peu malsaine qui existe entre elles. Elles mettent des frais de gestion, de marketing, de communication qui sont assez exorbitants. En début d’inscription universitaire, c’est là où on fait son choix entre une mutuelle nationale ou régionale, elles y vont très fort sur le marketing. On se rend compte que la mission sociale de régime obligatoire ou complémentaire est délaissée au profit de goodies ou de marketing".
Pour l’instant, la fin de la sécurité sociale étudiante n’est pas actée. Les élèves de l’enseignement supérieur doivent donc souscrire une mutuelle étudiante pour obtenir leur carte vitale. Prix de la cotisation cette année : 217 euros.
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