Remboursement limité pour les lunettes, prothèses auditives et dentaires
Emmanuel Macron oublierait-il l'une de ses promesses de campagne ? Candidat, il avait garanti que le reste à charge zéro pour les lunettes, prothèses auditives et audioprothèses serait mis en place d’ici à l’année 2022. Un engagement confirmé par Agnès Buzyn dans un entretien accordé au site Internet du magazine Viva mardi 21 octobre, mais assorti d’importantes limitations. La ministre de la Santé affirme en effet que ce remboursement intégral, même s’il devrait voir le jour "bien avant la fin du quinquennat" (Le Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro), concernera seulement certaines offres. Autrement dit, les premiers prix. Pour la ministre, "il n’est donc pas question de supprimer le reste à charge pour toutes les lunettes, audioprothèses et prothèses dentaires".
Une promesse de campagne "réduite à peau de chagrin"
Pour Alain Gerbel, président de la Fédération Nationale des Opticiens de France, "la proposition de remboursement à 100 % du candidat Macron a été réduite à peau de chagrin. On propose maintenant un panier de soins, et pas pour tout le monde. C’est grave". Selon lui, "les produits concernés sont d’entrée de gamme et de qualité inférieure. Le seul objectif du gouvernement, c’est l’annonce". Les chirurgiens dentistes eux s’inquiètent que cette mesure incite les patients à choisir des produits remboursés qui seront de moins bonne qualité. « Cela empêcherait certains patients d’aller vers quelque chose de plus esthétique ou de plus qualitatif. En chirurgie dentaire, on n’est pas dans une logique commerciale ! Les patients n’achètent pas un paquet de nouilles !" explique Catherine Mojaïski, présidente de la Confédération Nationale des Syndicats Dentaires. l’inquiétude est là aussi. Quant à la participation supposée des complémentaires santé à cette opération, censées la financer en grande partie, "on ne les sent pas vraiment emballées", avoue-t-elle.
Les produits concernés sont actuellement peu pris charge par la Sécurité sociale. Les patients financent directement 22 % de leurs soins d'optique et 23 % de leurs soins dentaires, contre 2,3 % de leurs soins hospitaliers, selon les comptes nationaux de la santé de 2016. Quant aux audioprothèses, le chiffre est encore plus impressionnant : d'après l'autorité de la concurrence, le coût moyen d'un appareil est de 1500 euros par oreille. Pour un équipement des deux oreilles, le patient prend actuellement 1000 euros à sa charge.
Vers la création d'un "panier de soins standard"
L’été dernier, le Premier ministre Édouard Philippe avait déjà émis l’idée "d’offres" de mutuelles assorties de remboursements intégraux. Agnès Buzyn, toujours dans les colonnes de Viva, affirme de son côté vouloir organiser une concertation des acteurs concernés pour "aboutir à la création d’un panier de soins standard pour lequel le patient n’aura aucun reste à charge".
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