Cancer : le droit à l'oubli aux oubliettes ?
Emprunter ou souscrire un prêt pour les personnes touchées par le cancer reste un parcours du combattant. Même guéris, ils se voient imposer des surprimes pour "risque aggravé de santé". La facture peut alors être jusqu'à 200% plus élevée pour une assurance par exemple, selon le magazine Rose destiné aux personnes touchées par le cancer.
Depuis des années, malades et associations réclament un droit à l'oubli, pour ne plus avoir à payer le prix de leur souffrance passée une fois guéris. En février dernier, François Hollande avait promis la mise en place d'un "véritable droit à l'oubli" qui devait s'appliquer à tous les enfants et adultes déclarés guéris. Une disposition déjà inscrite par le gouvernement dans le Plan Cancer (2014-2019).
Sept mois plus tard, la convention est signée. Et le texte semble à des kilomètres des promesses du début… En réalité, le "véritable droit à l'oubli" qu'évoquait le président, ne s'appliquera qu'aux enfants dont le cancer a été diagnostiqué avant l'âge de 15 ans. Pour tous les autres malades, il faudra attendre 15 ans après la fin des traitements avant que le taux d'emprunt ne soit plus majoré (1). Finalement, ce droit à l'oubli qui devait concerner 350.000 personnes, ne bénéficiera plus qu'à 1.800 patients. Un retournement de situation que déplore Rose, à l'intitiative d'une pétition adressée à François Hollande.
"Nous ne demandons que l'équité"
Pour le magazine, ce délai de 15 ans n'a pas de sens, quand on sait que certains cancers ont un taux de survie de plus de 80% à 5 ans, comme le cancer du sein ou des testicules. Il souhaite que ce délai soit abaissé à 10 ans, tous cancers confondus. Alors que la convention a été signée, le seul espoir pour changer ces dispositions est un vote au Sénat dans le cadre de la loi santé.
Le droit à l'oubli est intégré dans la convention AERAS, mise en place en 2006 et qui régule les conditions de prêt pour les personnes ayant un risque aggravé de santé. Elle a pour but de limiter les discriminations faites aux malades, en passant des accords avec banquiers et assureurs. Le gouvernement a prévu d'ajouter à la convention une grille pour revoir à la baisse les surprimes accordées aux anciens malades du cancer, mais les forçant toujours à déclarer leur maladie.
" Monsieur le président, les citoyens malades de cancer ne réclament pas de la charité (…) Nous ne demandons que l’équité", conclut Rose dans une lettre.
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(1) Avant cette nouvelle convention, le délai était de 20 ans
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