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Rapport sur la panne des numéros d’urgence: "Le vrai sujet" est d'avoir "un service public des communications qui sorte des intérêts financiers", selon un syndicaliste

"Aujourd'hui, dans le secteur des télécommunications, le choix qui est fait, est un choix financier", estime Cédric Carvalho, délégué syndical CGT-FAPT chez Orange.

Article rédigé par franceinfo
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Une panne géante a affecté les numéros d'urgence dans plusieurs départements en France, dans la nuit du 2 au 3 juin.  (JEAN-FRAN?OIS FREY / MAXPPP)

"Le vrai sujet", c'est avoir "un service public des communications qui sorte des intérêts financiers et qui soit dans l'intérêt des usagers", a affirmé vendredi 11 juin sur franceinfo Cédric Carvalho, délégué syndical CGT-FAPT chez Orange, alors que l'opérateur a rendu publiques les conclusions de son enquête interne après la panne des numéros d'urgence du 2 juin.

Selon Cédric Carvalho, il faut sortir du "choix de la rentabilité au maximum" pour permettre "aux usagers de bénéficier de services avec une qualité irréprochable".


franceinfo : Que vous inspirent les conclusions de cette enquête interne ?

Cédric Carvalho : Ce qui était vraiment important, c'était d'avoir une analyse et surtout de pouvoir en tirer les enseignements pour que ce type de crise ne se reproduise plus. Là, il est question de problèmes de mise à jour. Aujourd'hui, c'est la responsabilité d'un fournisseur. Demain, ce sera un prestataire externe. À la CGT, on pense qu'Orange et l'Etat, comme premier actionnaire, doivent prendre leurs responsabilités et faire en sorte qu'il y ait une cohérence et une maîtrise des activités de bout en bout pour éviter ce genre de dysfonctionnements. Ce qui s'est passé il y a neuf jours est très grave et c'est pour cela qu'on en parle. Mais quel que soit l'opérateur, Bouygues, Free, SFR, Orange, on voit qu'il y a une multiplication d'incidents. Combien de fois on voit des usagers qui sont sans Internet, sans téléphone pendant plusieurs jours? Donc, la question est de faire en sorte que l'on sécurise ces accès. Les technologies évoluent, il y a de plus en plus de monde, mais néanmoins, il y a un travail à faire sur la qualité. Cette crise sur les numéros d'urgence et aussi la crise du Covid-19 ont rappelé combien les télécommunications sont essentielles pour les citoyens. Et depuis la privatisation, on voit qu'il y a de plus en plus de difficultés.

Est-ce que vous en concluez qu'il y a trop d'opérateurs et qu'avec moins d'opérateurs, il n'y aurait pas eu ce problème ?

Ce n'est pas une question du nombre d'opérateurs. C'est une question de : quels sont les choix stratégiques faits par les entreprises ? Aujourd'hui, dans le secteur des télécommunications, le choix qui est fait, est un choix financier. C'est le choix de la rentabilité au maximum. On le voit à SFR avec les différents plans de licenciements qui se succèdent. On le voit à Orange avec les problèmes qu'on rencontre actuellement et qu'on a rencontré ailleurs par des problèmes d'investissement et de maintenance, par des suppressions d'emplois, par des transferts total d'activité à la sous-traitance, Et donc, aujourd'hui, le client final, l'usager, paye les conséquences de ces choix financiers.

Est-ce que la sous-traitance est une pratique courante au sein d'Orange ?

La sous-traitance est une pratique courante dans le secteur des télécommunications. La sous-traitance fait partie de l'écosystème du secteur. Le coût d'exploitation, le coût de fabrication, il faut toujours le tirer vers le bas pour pouvoir continuer à avoir une rentabilité extrême. Aujourd'hui, on dit que c'est la faute d'un fournisseur qui n'a pas fait son travail sur une mise à jour. Mais c'est facile d'incriminer ce fournisseur. Demain, ça sera qui ? Le vrai sujet, c'est comment on reprend une maîtrise de cette activité qui est essentielle. Et comment on fait en sorte qu'on ait un service public des communications, une structure qui sorte des intérêts financiers et qui soit bien dans l'intérêt des usagers. Quel est l'objectif poursuivi? Est-ce que c'est l'intérêt des marchés financiers, du dividende ? Ou est-ce que c'est l'intérêt d'avoir une qualité de service et de permettre aux usagers, aux utilisateurs, de pouvoir bénéficier de leurs services au quotidien avec une qualité irréprochable ?

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