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Samu : "Rien n'a changé", regrette l'avocate de la famille de Maxime, mort en 2008

Coralie Rembert, avocate de la famille Van Gertruy, accuse le Samu de ne pas avoir pris en 2008 la mesure de l'urgence, alors que Maxime Van Gertruy était "en train d'agoniser" au téléphone, selon elle.

Article rédigé par franceinfo
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Une opératrice du Samu, au Centre de réception et de régulation des appels (CRRA), à Lyon. (FRED DUFOUR / AFP)

Naomi Musenga n'est pas la première personne dont la mort soulève la question de l'attitude du Samu. Avant la Strasbourgeoise de 22 ans, morte le 29 décembre 2017 quelques heures après avoir été pris de haut par une opératrice, Maxime Van Gertruy est décédé à l'âge de 23 ans d'un infarctus en 2008, dans les mêmes conditions. 


Maitre Coralie Rembert, avocate au barreau de Béthune (Pas-de-Calais), est revenue sur les conditions de la mort du jeune homme, jeudi 10 mai sur franceinfo. L'avocate de la famille Van Gertruy accuse le Samu de ne pas avoir pris, à l'époque, la mesure de l'urgence alors que Maxime était "en train d'agoniser" au téléphone, selon elle. Les pompiers ont mis plus d'une heure à arriver. Sur place, le jeune homme a été choqué trois fois et a reçu une piqûre d'adrénaline qui l'a "ressuscité" d'après l'avocate. Choqué trois nouvelles fois à l'hôpital de Lens, Maxime y restera un mois dans le coma, avant de se réveiller et d'être transféré en maison de santé où il est finalement mort. Les quatre personnes (opératrices et médecin régulateur) poursuivies dans cette affaire ont été relaxées en première instance en mars 2018. Me Coralie Rembert a dit regretter que "10 ans après" ces faits, "rien n'a changé."

franceinfo : Que s'est-il passé le jour de la mort de Maxime Van Gertruy ?

Coralie Rembert : On est dans la même configuration. La petite amie de Maxime Van Gertruy appelle les services de secours à 6h16 en disant que Maxime est en train d'agoniser. On lui demande de ne pas quitter. Elle pense qu'on va lui envoyer une ambulance. Trente minutes après, elle se rend compte qu'il n'y a personne. Pendant une heure, vous avez des services qui n'interviennent pas, qui ne prennent pas au sérieux l'appel de la petite amie de Maxime. Quand on a les écoutes plusieurs temps après, on se rend compte que Maxime est en train d'agoniser à la mort, qu'il hurle. Les seules réactions des services de secours, notamment le Samu, c'est : "Mais dites-lui de se taire."

À aucun moment, les cris de Maxime, qui est en train de faire un infarctus massif, ne sont pris en considération.

Coralie Rembert

Le dernier intervenant, qui est médecin du Samu, dit : "Madame, c'est juste un point de côté. Donnez-lui un doliprane, vous le mettez dans la voiture et vous le ramenez aux urgences." La petite amie de Maxime explique pendant une heure très clairement qu'elle est dans l'impossibilité de se déplacer. Ma cliente [la mère de Maxime] a dû sortir de la salle d'audience pour éviter qu'elle entende son fils en train d'hurler à la mort et de mourir.

Que disent les experts ?

Vous avez trois expertises médicales avec des experts qui sont assermentés auprès de la Cour de cassation, qui sont des professionnels. Vous avez un expert dans ce dossier qui a l'habitude de travailler avec le Samu. Il pointe une difficulté et le fait que si Maxime avait été soigné et que si les secours n'avaient pas mis une heure pour intervenir, Maxime serait probablement en vie aujourd'hui.

La procédure dure depuis 10 ans et les personnes poursuivies dans cette affaire ont été relaxées...

Il y a un jugement qui a été rendu par le tribunal correctionnel d'Arras qui a prononcé la relaxe des quatre prévenus qui avaient été renvoyés par le juge d'instruction. Au final, la seule solution pour mes clients est l'appel qui a été diligenté par le procureur de la République.

Quel lien faites-vous avec le cas de Naomi Musenga ?

Ma cliente est profondément meurtrie. Cela fait 10 ans qu'elle et ses enfants se battent. Ce qui s'est passé au mois de décembre avec Naomi, c'est ce qui s'est passé il y a 10 ans avec Maxime. Elle a tiré toutes les sonnettes d'alarmes. Le dernier courrier que ma cliente a écrit au ministre de la Santé n'a même pas eu un courrier de réponse dans le cadre de ce dossier. À aucun moment, le cas de Maxime n'a été pris en considération. L'esprit de ma cliente, ce n'est pas un esprit de vengeance, c'est de dire : "Plus jamais cela ne doit arriver." Maxime décède en 2008, 10 ans après nous sommes dans le même cas de figure et rien n'a changé.

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