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Médicaments sans ordonnance : "Le problème n'est pas tant de les proscrire mais de bien savoir comment les prendre"

Selon une étude de "60 Millions de consommateurs", une soixantaine de médicaments en vente libre seraient inefficaces voire dangereux. Pour Isabelle Adenot, présidente de l'Ordre des pharmaciens, il n'existe pas de risque zéro.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une étagère de médicaments photographiés à Thionville (Moselle) le 15 octobre 2015. (MAXPPP)

Actifed rhume jour et nuit, Nurofen rhume, Strepsils lydocaïne... Ces médicaments en vente libre seraient dangereux pour la santé. Dans une étude dévoilée jeudi 3 novembre par le magazine 60 Millions de consommateurs, le pharmacologue Jean-Paul Giroud et la pharmacienne Hélène Berthelot ont passé au crible 61 médicaments en vente libre, parmi les plus vendus. Ils révèlent que 28 d'entre eux devraient être proscrits. Pour ces chercheurs, seuls 13 d'entre eux comme le sirop Clarix, le Vicks Vaporub ou le Gaviscon menthe sont jugés efficaces. Pour Isabelle Adenot, présidente de l'Ordre des pharmaciens, il ne s'agit pas d'arrêter de prendre ces médicaments, mais de rester très vigilants dans leur utilisation.

Francetv info : Que pensez-vous de ces 28 médicaments en vente libre, mais qui sont "à proscrire" ?

Isabelle Adenot : Tous les médicaments présentent des contre-indications et peuvent, en fonction de chaque patient, provoquer des effets indésirables. C'est le cas notamment des médicaments qui présentent des vasoconstricteurs [des substances qui permettent de réduire le calibre des vaisseaux sanguins] qui sont à éviter chez les personnes qui ont de la tension. Le problème n'est pas tant de "proscrire" ou de "conseiller" ces médicaments en vente libre, mais plutôt de bien savoir comment les prendre et de s'informer. On ne peut pas donner de note générale sur un médicament, c'est du cas par cas. Si ces médicaments étaient vraiment inutiles, les Français ne les consommeraient pas autant.

En outre, dans leur grande majorité, les Français vont d'abord chez le médecin pour avoir une prescription et ne s'automédicamentent pas tant que ça. Il faut bien lire ce genre d'étude. Mal comprise, elle pourrait tourner les gens vers d'autres soins non contrôlés, par exemple des médicaments commandés sur internet.

L'étude souligne les mauvaises combinaisons de molécules dans certains médicaments...

Ce que je ne comprends pas, c'est que pour être mis sur le marché, un médicament subit une batterie de tests et de contrôles très stricts, chapeautés au niveau européen. Les médicaments sont réévalués tous les cinq ans, notamment par l'Agence nationale du médicament, dont le professeur Giroud faisait partie. En fonction de son rapport risque/bénéfice, un médicament sera soit retiré de la vente, soit vendu sur ordonnance. Avant, les médicaments présentaient des formules complexes avec plusieurs molécules. Au fil des réévaluations, les formules se sont simplifiées et on a supprimé des molécules. Il faut comparer l'étude de 60 millions de consommateurs avec celles des autorités officielles, comme l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ou la Haute autorité de santé.

N'est-ce pas alors une question de bon usage de la part des consommateurs ?

Les Français sont conscients qu'un médicament n'est pas une substance anodine et même s'ils lisent la notice, c'est normal que tout ne soit pas limpide. Les pharmaciens font sept ans d'étude pour déchiffrer leur composition. Il faut toujours être précautionneux, s'informer sur le produit et limiter sa consommation. Personnellement, je souhaiterais qu'on généralise le dossier pharmaceutique [un fichier qui recense les médicaments utilisés par un patient dans les quatre derniers mois] qui permettrait, pour le pharmacien, de minimiser le risque de contre-indications.

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