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Santé : "On ne risque pas un AVC pour un nez bouché", alerte la directrice de l’Agence de sécurité du médicament

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Article rédigé par franceinfo
Radio France
L'ANSM dénonce des effets secondaires rares mais gravissimes, susceptibles de causer des accidents cardiaques et vasculaires cérébraux. Elle déconseille de prendre certains médicaments vasoconstricteurs, notamment utilisés pour soigner les rhumes.

"On ne risque pas AVC pour un nez bouché", alerte sur franceinfo la directrice de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), Christelle Ratignier-Carbonneil, à propos des médicaments antirhume.

Inquiète des effets secondaires rares mais gravissimes, pouvant causer des accidents cardiaques et vasculaires cérébraux, l'ANSM déconseille aux Français d'utiliser certains médicaments vasoconstricteurs, tel Humex Rhume, Dolirhume, Actifed Rhume, Nurofen Rhume ou encore Rhinadvil Rhume dont le but est de déboucher le nez.

"L'objectif au niveau national est que ces médicaments disparaissent des officines mais aussi des armoires à pharmacie", prévient Christelle Ratignier-Carbonneil.

franceinfo : Quand on parle de "vasoconstricteurs", de quoi s'agit-il ?

Christelle Ratignier-Carbonneil : Ce sont des médicaments qui contiennent notamment une substance, la pseudoéphédrine, qui diminue le diamètre les vaisseaux. Quand vous avez un rhume, vous avez une dilatation des vaisseaux, et par conséquent une augmentation des muqueuses, et les vasoconstricteurs oraux sont là pour réduire ce volume et donc décongestionner. Ainsi, ce type de médicament, les vasoconstricteurs, soulage et débouche le nez lorsque vous êtes enrhumés. Mais il y a des risques d'effets indésirables, certes très rares, mais très graves, c'est-à-dire un infarctus ou un accident vasculaire cérébral (AVC).

Ces risques d'AVC ou d'infarctus concernent toutes les populations ?

Oui, cela concerne toutes les populations même sans facteur de risque. Le risque peut être aussi avec des utilisations limitées. C'est la raison pour laquelle avec les médecins, avec les pharmaciens, nous avons décidé de déconseiller l'usage de ces produits et donc de dire aux Françaises et aux Français ' ne les utilisez plus !'. Ces risques sont très rares mais pour autant, pensez-vous qu'il soit adéquat de risquer un accident vasculaire cérébral pour un nez bouché ? Ainsi, je ne les utilise plus et je les rapporte à mon pharmacien.

Quelles sont les alternatives ?

ll y a des alternatives, des alternatives non médicamenteuses, des sprays à l'eau de mer par exemple. On peut également humidifier la muqueuse nasale, aérer et être un peu patient et surtout ne pas risquer des effets indésirables très graves.

Pourquoi ne pas interdire tout simplement ces m édicaments ?

La décision d'interdiction finale se prend au niveau européen puisque ce sont des médicaments qui existent dans certains États européens, pas tous. Mais nous en France, et c'est ce qui m'importe en tant que directrice générale de l'Agence du médicament, c'est de passer les bons messages et de protéger les patients dès maintenant.

L'objectif au niveau national est que ces médicaments disparaissent des officines mais aussi des armoires à pharmacie des Françaises et des Français. Trois millions de boîtes sont vendues chaque année. Il y a une diminution très importante puisqu'on a pris plusieurs mesures, en interdisant notamment la publicité auprès du grand public en 2017.

"Il y a une vingtaine d'années, on était entre 10 et 15 millions de boîtes vendues par an."

Christelle Ratignier-Carbonneil

à franceinfo

Mais aujourd'hui, trois millions, c'est encore beaucoup. Et c'est la raison pour laquelle on se mobilise tous ensemble avec les médecins et les pharmaciens. Le message est très clair : ' ne les utilisez plus, on ne risque pas un AVC pour un nez bouché !'.

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