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Opacité, infractions en ligne... Cinq choses à retenir sur l'envolée des prix des médicaments sans ordonnance

L'association Familles rurales a publié, mardi, son enquête annuelle sur le prix des médicaments vendus sans ordonnance. L'étude constate une forte augmentation des prix, ainsi qu'une très forte disparité selon les pharmacies. Contrairement aux idées reçues, les achats sur le net ne sont pas forcément plus économiques.

Article rédigé par franceinfo
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Le prix des médicaments sans ordonnance a augmenté de 4,3% en un an, selon le baromètre annuel de l'association Familles rurales.  (MAXPPP)

Le marché de vente des médicaments en libre-service, particulièrement opaque, a vu une envolée des prix en 2017. C'est le constat de l'observatoire des prix de l'association Familles rurales, qui scrute l'évolution tarifaire d'une quinzaine de ces produits, parmi les plus consommés. 

Son étude (document PDF), publiée mardi 12 décembre, porte sur des relevés effectués dans 40 magasins et sur 43 sites internet en octobre 2017. Elle montre l'opacité et la très forte variété des prix. Si vous pratiquez l'automédication, franceinfo vous résume les informations à retenir.

Les prix ont augmenté de 4,3% en un an 

Certains médicaments ont augmenté jusqu'à plus de 9%. Au total, seuls deux ont vu une baisse de prix : Strepsil (-1%) et Imodiumcaps (-2,20%). Parmi les plus fortes hausses constatées par l'association : le prix de l'Activir, utilisé contre l'herpès, a augmenté de 9,77% en 2017, pour un prix moyen estimé à 5,28 euros ; celui du Dacryum, solution de lavage de l'œil, a bondi de 9,59% pour atteindre environ 5,60 euros ; le Nurofen, un anti-inflammatoire, coûte en moyenne 3,66 euros, soit une hausse de 8,93% en un an ; les pastilles Nicopass pour arrêter de fumer sont en augmentation de 7,72%, pour un prix moyen à 21,62 euros ; les gels anti-inflammatoires Voltaren Actigo coûtent en moyenne 6,82 euros, ce qui représente une augmentation de 6,23% du prix sur un an.

Des médicaments jusqu'à quatre fois plus chers selon le lieu de vente 

Les prix des médicaments en vente libre sont marqués par une forte disparité en fonction du lieu de vente. D'une pharmacie à l'autre, le tarif peut passer, en moyenne, du simple au triple. L'observatoire des prix de l'association Familles rurales a ainsi relevé 20 euros de différence (de 13,90 à 34,10 euros) sur une boîte de sevrage tabagique qui doit être renouvelée régulièrement, tel que Nicopass. Une différence qui pourrait présenter un véritable frein dans la lutte contre le tabac. 

Autre exemple, celui du Dacryum, dont le prix minimum relevé est de 1,95 euro, pour un prix maximum de 8,50 euros, soit une variation de 336% ! On peut aussi citer le Maalox, utilisé contre les maux d'estomac, qui peut être facturé entre 2,75 et et 9,10 euros (une variation de 231%).

"On nous a donné quelques explications qu'on a du mal à comprendre, estime Dominique Marmier, président de Familles rurales, interrogé par franceinfo. Certaines pharmacies font partie des groupements d'achats, peut-être que les prix des groupements d'achats ne sont pas les mêmes, peut-être y a-t-il d'autres produits de substitution. On a toujours du mal à avoir des explications claires sur ces différences de prix. On demande aux consommateurs de bien faire attention aux prix pratiqués et faire jouer la concurrence."

Les grandes surfaces ne sont pas forcément les moins chères

Attention aux idées reçues, les prix des médicaments en vente libre sont parfois moins avantageux en moyenne et grande surface qu'en pharmacie. L'étude identifie l'exemple du sérum physiologique Physiologica qui est en moyenne 20% moins cher en pharmacie que sur internet. Le lait en poudre pour enfants Gallia vous coûtera en moyenne 17,80 euros le kilo en grande surface, contre 20,69 euros en officine et 21,08 sur le web. 

L'étude souligne également que si les médicaments sont moins chers sur internet, "les frais de port pratiqués gomment littéralement cet avantage."

Deux tiers des sites de vente en ligne en infraction

L'étude, qui s'appuie sur 43 sites internet, a relevé que 20% d'entre eux n'affichaient pas de logo européen "pourtant obligatoire", 30% n'obligent pas à remplir un questionnaire et 20% ne respectent pas "les règles élémentaires du commerce électronique comme le pré-cochage pour l'envoi d'informations commerciales" ou le traitement des données personnelles.

Autre infraction : 5% des sites n'affichent pas la notice des médicaments commandés et "seuls" 72% obligent à valider la lecture de celle-ci. "Pour un médicament, on devrait s'assurer que la notice a bien été lue", explique à l'AFP Nadia Ziane, responsable du pôle consommation de l'association, citant l'exemple de certains produits proscrits aux femmes enceintes. "Ce ne sont pas des produits anodins, il y a des risques derrière, il y a des contre-indications", insiste également Dominique Marmier.

Opacité des prix en pharmacie

Les officines en dur ne sont pas épargnées par l'étude. L'association constate qu'environ 75% des boîtes de médicaments sans ordonnance sont dépourvues d'étiquette "prix".

Ceux-ci sont inscrits sur des présentoirs "pas toujours accessibles ou lisibles pour les consommateurs", surtout lorsqu'ils sont situés derrière le comptoir, relève la fédération qui craint une volonté délibérée de la part des pharmaciens de priver le consommateur d'une "possibilité de comparaison" des prix.

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