Cet article date de plus de sept ans.

Les nouveaux médicaments sont-ils toujours utiles ?

Publié
Temps de lecture : 1min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Pas une semaine ne passe sans qu’un nouveau médicament n'arrive en pharmacie. Pourtant, rares sont les innovations thérapeutiques décisives pour le patient. Comment l'intérêt thérapeutique des nouvelles molécules est-il évalué ?  

Les médicaments n'ont pas de secret pour le professeur Jean-François Bergmann. Il dirige le service de médecine interne de l'hôpital Lariboisière (AP-HP) à Paris, un service où l'on soigne des maladies rares ou touchant plusieurs organes à la fois. D'où l'importance de se tenir au courant des nouvelles molécules. Le problème, c'est que pour une même pathologie, il a parfois l'embarras du choix.

"Il y a une vingtaine de bêtabloquants différents sur le marché. Nous avons donc fait un choix. Nous avons gardé dans la pharmacie hospitalière soit les meilleurs, soit les plus éprouvés, soit ceux qui sont les plus utilisés", explique le Pr Bergmann.

En moyenne, il sort sur le marché français une centaine de nouveaux médicaments par an. Mais nouveau ne veut pas dire forcément meilleur. Certains ont une efficacité équivalente aux anciens médicaments. Les innovations sont plus rares.

C'est la Haute Autorité de Santé (HAS) qui est chargée d’évaluer le progrès thérapeutique apporté par chaque nouveau médicament, ce que l’on appelle l'ASMR : amélioration du service médical rendu. Plusieurs niveaux ont été définis : la meilleure note équivaut à 1, la plus mauvaise à 5. Or la majorité des nouveaux médicaments mis sur le marché en 2016 ont un ASMR de 5, faible donc. Il n’y a donc eu aucune innovation majeure.

Toutefois, plusieurs molécules ont obtenu un ASMR 2, important, ou un ASMR 3, à savoir modéré.

"Une ASMR 2 ou 3, c'est un progrès. Ce sont quand même des médicaments qui ont démontré qu’ils apportaient aux patients de la survie supplémentaire avec une bonne qualité de vie ou une diminution des évènements type infarctus, AVC ou une récidive de la progression d’un cancer etc.", estime Anne d’Andon, chef du service des d’évaluation des médicaments à la Haute Autorité de Santé (HAS).

Innover, c'est la mission des industriels pharmaceutiques. Le laboratoire MSD France, par exemple, cherche de nouvelles molécules pour le traitement du cancer, de plusieurs maladies chroniques ou virales. Mais le processus est long et incertain :

"Quand on fait une recherche, on ne sait pas bien ce que l'on va avoir au bout. Donc on ne peut pas se dire je ne travaille que pour les grandes innovations. On travaille pour faire progresser la médecine et la prise en charge des malades et quand on s'engage dans un plan de développement sur une nouvelle molécule, on ne sait pas ce que cela va donner au bout et en explorant plusieurs pistes, on augmente la probabilité d'apporter l’amélioration la plus importante possible en terme d’innovation", explique Rima De Saab, directrice de la santé publique et des nouveaux produits de MSD France.

En France, les nouveaux médicaments qui apportent un réel progrès thérapeutique sont remboursés par la l’Assurance maladie. A l'inverse, les médicaments jugés peu utiles, peuvent être prescrits, mais ne sont pas remboursés.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.