Le tramadol, un antalgique qui peut entraîner une réelle addiction
Le tramadol est souvent donné après une intervention à l’hôpital, ou par un médecin généraliste en cas de douleur. Or ce médicament dérivé de l’opium n’est pas anodin. Accoutumance, dépendance, overdose… Son usage présente des risques, dont le corps médical comme les patients doivent être mieux informés.
Valentine, 27 ans, est atteinte d’une maladie orpheline, qui provoque régulièrement des crises de douleur intenses. Paracétamol, ibuprofène, aspirine… aucun antidouleur classique ne parvient à la soulager. Un jour, son médecin lui prescrit un médicament plus puissant : le tramadol... qui lui se révèle efficace.
"Puis on en prend de façon systématique"
« Au début je le prenais quand j’avais mal sauf que ça met du temps à agir, une demie heure, 40 minutes, ça paraît une éternité quand on a mal. Au fur et à mesure, on en prend quand on pense qu’on va avoir mal, quand on a une toute petite douleur qui arrive, puis on prend en systématique, on en disant au moins j’anticipe et j’aurai jamais une grosse douleur qui va monter donc ça devient du matin, midi, soir », se souvient-elle.
"Prescrit comme du doliprane"
Alors qu’elle n’est censée prendre qu’un seul comprimé par jour, en cas de crise, Valentine augmente les doses, pendant des mois… Jusqu’au jour où elle est hospitalisée, car l’antidouleur n’a plus d’effet. Elle raconte comment elle a découvert la dangerosité du médicament : « Un médecin me demande ce que je prends comme antalgique quand j’ai mal, je lui dis, je suis honnête, je ne pensais pas du tout que j’avais un problème, et là, il est tombé des nues. C’est violent parce que la première fois on me l’a vraiment prescrit comme du doliprane, on m’a jamais dit que c’était quelque chose qui allait me rendre accro ».
Désormais Valentine gère ses crises grâce à un médicament plus adapté, associé à la sophrologie et à l’hypnose. Elle a dû passer par un processus de sevrage pour arrêter le tramadol. Car cet antidouleur est un dérivé de l’opium et peut créer une dépendance.
Dépendance physique et psychologique
« Cette dépendance est à deux niveaux, il peut y avoir une dépendance physique avec un syndrome de sevrage à l’arrêt chez les sujets qui en prennent de manière ancienne et continue. Et il existe aussi et c’est plus difficile à soigner, une dépendance plus psychique avec l’envie de consommer le produit parce qu’on trouve un certain plaisir à le consommer », analyse le Dr Xavier Laqueille, addictologue à l’hôpital Sainte-Anne.
En 2017, 140 cas d’abus ou de dépendance ont été signalés… Un chiffre sûrement sous-estimé selon les autorités de santé, qui alertent sur les dangers du surdosage. Il peut provoquer comas, convulsions, arrêt respiratoire jusqu’à la mort... 37 décès ont été recensés en 2016.
Aujourd’hui, avec une seule ordonnance, on peut obtenir jusqu’à un an de traitement, sans suivi. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament envisage de restreindre cette durée de prescription.
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