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La Dépakine® aurait entraîné au moins 450 cas de malformations congénitales

Le valproate de sodium, notamment utilisé pour le traitement de l’épilepsie, aurait provoqué au moins 450 cas malformations congénitales en France, selon un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Ce document critique le "manque de réactivité" des autorités sanitaires et du laboratoire Sanofi dans cette affaire.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Incontournable pour certains patients atteints d'épilepsie, mais également utilisé pour traiter les troubles bipolaires, le valproate de sodium est présent dans plusieurs spécialités pharmaceutiques dont l'antiépileptique Dépakine®, commercialisé en France par Sanofi depuis 1967, puis sous forme générique par d'autres laboratoires.

Ce médicament est sur la sellette depuis plusieurs années car il entraîne un accroissement du risque de malformation du fœtus (de l'ordre de +10%) et de retards intellectuels ou moteurs, de même que des cas d'autisme (jusqu’à 40% des enfants exposés). Des alertes sur les risques de malformations congénitales ont commencé à filtrer à partir des années 1980, les autres dangers n’étant connus que depuis les années 2000.

La ministre de la santé, Marisol Touraine, avait commandé à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) un rapport sur l’affaire. Dans le document publié le 23 février 2016, l’Igas dresse le constat d’un "manque de réactivité des autorités sanitaires et du principal titulaire de l'autorisation de mise sur le marché".

Le rapport évalue "entre 425 et 450 le nombre de cas de naissances d'enfants vivants ou mort-nés exposés in utero au valproate entre 2006 et 2014, qui sont porteurs de malformations congénitales", en extrapolant à la France entière des données obtenues dans la région Rhône-Alpes [1].

L'Igas observe par ailleurs que "les alertes ont été, au plan français et européen", déclenchées davantage par les médias que par "une prise en compte des données de pharmacovigilance et des publications scientifiques". Concernant le laboratoire Sanofi, le rapport note "une faible réactivité" entre 1995 et 2000 sur le risque de malformations congénitales. 

Minimiser les risques

Un arbitrage rendu au niveau européen en 2014 a conduit tous les pays européens à revoir leurs conditions de prescription du valproate pour "minimiser les risques". Ce médicament ne doit plus désormais être prescrit aux filles et aux femmes en âge de procréer, ni aux femmes enceintes "sauf en cas d'inefficacité ou d'intolérance aux alternatives médicamenteuses".

Malgré les risques encourus, les autorités françaises n'envisagent pas pour l'instant de l'interdire dans la mesure où un arrêt ou un changement de traitement brutal peut, selon l'Igas, "avoir des conséquences graves, voire mortelles, pour la mère et le foetus". 

Dès le 1er mars, l'avertissement pour les femmes enceintes qui figurait déjà dans la notice du médicament va être inscrit sur la boîte, a indiqué à l'AFP le directeur général de la santé, Benoît Vallet.

"Le valproate est un médicament de référence (nécessaire dans certains cas, ndlr) qui ne peut pas être supprimé comme par exemple le distilbène", a expliqué Benoît Vallet, en présentant le rapport de l'Igas.

"On a encore des efforts à faire" pour que les informations sur les risques "parviennent au médecin et à la patiente", a indiqué pour sa part le Directeur général de l'agence du médicament (ANSM), Dominique Martin. Il a souligné que "l'information devait être complète, y compris sur le risque non négligeable d'avoir un enfant autiste".

Il a indiqué qu'une réévaluation de tous les médicaments antiépileptiques serait achevée d'ici l'été.

Le rapport de l'Igas observe pour sa part que les prescriptions de valproate chez les femmes en âge de procréer (15-49 ans) ont baissé en France de 25% entre 2006 et 2014 : leur nombre est passé de 125.000 en 2006 à 93.000 en 2014, dont 37.000 traitées pour épilepsie et 56.000  pour des troubles bipolaires. La baisse a été nettement plus faible pour les prescriptions de valproate dans ces derniers troubles qui représentent désormais la "majorité" des prescriptions, alors qu'il existe davantage d'alternatives.

 


[1] Selon l'Igas, il faudra attendre le mois de mai 2016 pour avoir une "mesure plus précise de l'impact des prescriptions de valproate sur la descendance des femmes exposées".

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