Grève dans les laboratoires Boiron contre des suppressions d'emploi : le déremboursement est "un faux prétexte", selon un porte-parole
Les salariés ont le sentiment que "tout" était "orchestré déjà depuis très longtemps". Boiron avait annoncé en mars dernier qu'il supprimerait 646 emplois, invoquant la décision du gouvernement de ne plus rembourser l'homéopathie.
"Nous nous sentons trahis avec un sentiment de dégoût profond", déclare mercredi 16 septembre sur franceinfo Cédric Cabos, le porte-parole du personnel du laboratoire Boiron de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, qui va fermer et dont les 25 salariés se retrouveront sans emploi. Les salariés des laboratoires Boiron font grève mercredi et certains vont manifester à Lyon devant le siège du leader mondial de l'homéopathie contre la suppression de 646 emplois en France, soit près d'un quart des effectifs, en raison du déremboursement de l'homéopathie décidé en juillet 2019 par l'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn.
"On s'est battus l'année dernière en faisant signer des pétitions pour maintenir le remboursement de l'homéopathie et on nous met quand même à la porte derrière. Pour nous, la direction n'a aucune morale, s'indigne le porte-parole du personnel. On n'est rien pour eux et c'est vraiment ce sentiment-là qui ressort. Notre direction se cache derrière ce déremboursement et ce n'est pas ça les vraies raisons. C'est un faux prétexte. Tout est orchestré déjà depuis très longtemps", assure-il.
17 M€ de dividendes distribués aux actionnaires au printemps dernier
Mercredi, plusieurs salariés des laboratoires se retrouvent devant le siège du groupe Boiron pour manifester leur colère. "Je veux que la direction voie les visages de ceux qu'ils mettent à la porte et qu'on ne soit pas seulement des noms et des chiffres", explique Marie, salariée depuis 13 ans à Limoges, dans la Haute-Vienne, auprès de France Bleu Limousin. "Je suis passée par toutes les émotions que je n'arrivais pas à nommer et je me sens trahie".
La déléguée CFDT Stéphanie Leleu travaille depuis 29 ans au laboratoire d'Isneauville, en Seine-Maritime, et va distribuer des tracts mercredi matin sur les ronds-points.
Ce qu'on ne comprend pas, c'est que l'entreprise n'attend même de savoir quel sera réellement l'impact du déremboursement, et aujourd'hui elle fait un plan qui supprime jusqu'à 25% des effectifs par anticipation, alors que les résultats économiques de l'entreprise auraient permis d'attendre de voir quel était l'impact.
Stéphanie Leleu, déléguée CFDTà France Bleu Normandie
Elle rappelle que l'entreprise a distribué 17 millions d'euros de dividendes aux actionnaires au printemps dernier. "Il faut savoir que nous sommes une grande majorité de femmes, que nous avons quasiment 70% de personnes qui ont plus de 50 ans. Nous travaillons dans un laboratoire où on va avoir du mal à transférer certaines compétences. On a des collègues qui sont assez peu qualifiés", s'inquiète la syndicaliste.
Grégory Feuillette, 48 ans, pharmacien dans le laboratoire de Chauray, dans les Deux-Sèvres, parle de "double-peine" à France Bleu Poitou : "On rentre sur le marché du travail dans cette crise sanitaire donc c'est la double-peine". "Ça va être compliqué de retrouver un emploi. Tous les secteurs sont frappés. On va être beaucoup sur le marché de l'emploi", renchérit Cédric Cabos.
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