Déremboursement de l'homéopathie : "On a eu l'impression dès le départ que les dés étaient pipés", dénonce le syndicat des médecins homéopathes
Alors que la ministre de la Santé vient d'annoncer que l'homéopathie ne serait plus remboursée à partir de 2021, le Dr Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français, craint la perspective d'une médecine à deux vitesses.
"On a eu l'impression dès le départ que les dés étaient pipés", réagit mercredi 10 juillet sur franceinfo le Dr Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), alors que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, vient d'annoncer que l'homéopathie ne serait plus remboursée à partir de 2021. "Déçu et en colère", il dit avoir eu le sentiment que "que la décision était prise dès le départ, et qu'il fallait habiller cette décision en faisant passer l'homéopathie sous les fourches caudines de la Haute autorité de santé.
Dans la Commission d'évaluation de l'homéopathie, il n'y avait aucun expert qui connaissait l'homéopathie. Il s'agissait de médecins hospitaliers, de spécialistes… mais absolument pas de médecins qui avaient pratiqué l'homéopathie.
Charles Bentzà franceinfo
Selon lui, la décision du gouvernement ne prend pas en considération le ressenti et la volonté d'une "très grande majorité des Français" à "préserver ce remboursement", "pour une thérapeutique qu'eux jugent efficace", au même titre que les médecins prescripteurs.
"Que dire aux patients qui n'ont jamais trouvé de solution pour certains de leurs problèmes avec la médecine conventionnelle, et qui ont trouvé une solution avec l'homéopathie, interroge le médecin. Que dire aux femmes enceintes qui trouvent dans l'homéopathie des solutions ? Que dire aux patients cancéreux qui trouvent dans l'homéopathie des soins de support de qualité ?"
"Ce sera une médecine à deux vitesses"
"Pour les patients, ce sera une médecine à deux vitesses", s'inquiète-t-il. "Il y aura les patients qui auront les moyens de se payer leur traitement homéopathique, et les patients qui n'auront pas les moyens, poursuit Charles Bentz. Et quoi qu'en dise Agnès Buzyn, il y aura forcément un report d'utilisation de médicaments remboursés, qui seront beaucoup plus chers, et sans compter d'éventuels effets secondaires de ces médicaments."
Le Dr Charles Bentz regrette la méthode d'évaluation des médicaments homéopathiques. "On a évalué en deux mois 1 200 médicaments homéopathiques, alors que la procédure utilisée est une procédure qui habituellement évalue un médicament pour savoir s'il est efficace ou non. On a été trop vite, et on n'a pas utilisé la bonne méthode."
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