Chute des cheveux : attention au finastéride !
A 24 ans, Eric (son prénom a été changé) se dégarnissait à vue d'oeil. Le jeune homme vivait très mal la situation. Un dermatologue lui prescrit alors du finastéride, une molécule capable de stopper la chute des cheveux. Les premiers effets secondaires sont apparus peu de temps après. "J'ai eu d'abord une espèce d'épisode dépressif qui n'a pas été soigné à ce moment-là. Et j'ai eu aussi une baisse de libido. Ça a été vraiment très progressif, tellement progressif que je n'ai pas fait le lien avec le médicament pour la plupart des symptômes qui apparaissaient".
Malgré le traitement, ses cheveux continuent de tomber. Il décide donc de le stopper au bout d'un an. Mais les effets secondaires persistent. Et aujourd'hui, six ans après l'arrêt du finastéride, il souffre toujours de dépression sévère. Selon lui, c'est le médicament qui a tout déclenché. "On a l'impression de s'être empoisonné nous-même, tout seul, pour quelque chose de futile et qui ne vaut pas du tout ce qu'on a perdu en fait".
Une alerte sur les risques de troubles psychiatriques en 2017
Le Propecia, nom commercial du finastéride, est vendu en France depuis 1999. Chaque année, il est prescrit à 30.000 hommes pour lutter contre la perte des cheveux. Après une alerte au Canada, l'ANSM, le gendarme du médicament, met en garde en 2017 contre les risques de troubles psychiatriques.
C'est bien trop tard pour l'avocat des victimes, Me Charles-Joseph Oudin. "Le problème sur le finastéride, c'est le défaut d'information. Les laboratoires avaient connaissance d'effets indésirables, avaient connaissance notamment à l'étranger d'effets extrêmement graves sur les patients. Mais en France, les patients n'ont pas été informés de ces effets indésirables. C'est regrettable parce qu'avec une meilleure information, les patients n'auraient pas consommé ce médicament".
Des effets indésirables rares
L'avocat met aussi en cause l'agence du médicament, l'ANSM. Celle-ci rappelle que les effets secondaires sont très rares. Seulement 345 cas ont été recensés pour l'instant. Il n'est donc pas question de retirer du marché ce médicament, comme le réclame l'association AVFIN (aide aux victimes du finastéride). Selon le Dr Caroline Semaille, directrice des médicaments anti-infectieux et en dermatologie à l'ANSM, "ce produit n'est interdit nulle part dans le monde. Et pour l'instant, au niveau européen, parce qu'encore une fois c'est une évaluation qui est faite de manière conjointe, le bénéfice-risque de ce produit n'est pas remis en question".
D'ici quelques semaines, l'Agence du médicament publiera une nouvelle notice d'information sur les risques à destination des patients.
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