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"Aucun médicament n'est un bien de consommation", rappelle un syndicat de pharmaciens opposé à leur vente par la grande distribution

Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) réagit à la recommandation de l'Autorité de la concurrence, qui préconise d'élargir la vente de médicaments sans ordonnance aux parapharmacies et à la grande distribution.

Article rédigé par franceinfo
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L'Autorité de la concurrence a recommandé ce jeudi l'ouverture de la vente de médicaments sans ordonnance à la grande distribution. (STÉPHANIE BERLU / FRANCE-INFO)

L'Autorité de la concurrence a recommandé jeudi 4 avril l'ouverture de la vente de médicaments sans ordonnance à la grande distribution. Interrogé par franceinfo, Philippe Besset, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), se dit rassuré après les propos de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, vendredi. Celle qui a dirigé la Haute Autorité de santé avant son entrée au gouvernement a dit sur Europe 1 qu'elle n'était "pas favorable" à cette recommandation "d'assouplissement partiel et strictement encadré" de l'Autorité de la concurrence.

franceinfo : La ministre de la Santé Agnès Buzyn s'oppose à la vente des médicaments sans ordonnance par la grande distribution. Cela vous rassure ?

Philippe Besset : Cela me rassure, ça rassure les pharmaciens et ça doit rassurer les patients. L’enjeu c’est la santé publique et c’est ce que rappelle Agnès Buzyn : l’Autorité de la concurrence dans son rapport a repris ni plus ni moins des thèses vieilles de 60 ans, ressorties régulièrement tous les 4 à 5 ans, qui veulent remplacer les officines par de grands supermarchés de la santé. La nouveauté, c’est que le rapport dit que c’est dans l’intérêt des pharmaciens. C’est peut-être l’intérêt de deux ou trois d’entre nous, qui seraient les Afflelou de la pharmacie de demain, mais ce n’est pas du tout l’enjeu [l'Autorité de la concurrence recommande de revoir le cadre légal actuel qui empêche un pharmacien de détenir plus d'une officine]. L’enjeu, ce sont les territoires : c’est que les pharmacies restent des îlots de santé dans les territoires ruraux et dans les quartiers difficiles.

Il y a un autre argument avancé par l’Autorité de la concurrence : la baisse des prix. Cet argument est inaudible ?

Il est inaudible parce les médicaments dont on parle, à prescription médicale facultative, sont des produits qui valent quelques euros, ils ont des coûts très faibles. Et la France les vend à des prix parmi les plus bas en Europe. Il n’y a aucun enjeu sur des produits dont le coût est dérisoire.

Cela ne concernerait que des médicaments sans ordonnance. Ce ne sont pas pour vous des biens de consommation comme les autres ?

Aucun médicament n’est un bien de consommation : un médicament c’est un soin et il faut le considérer comme tel. Le principe du médicament, c’est un rapport bénéfice-risque. Il apporte à la santé publique mais il contient en lui-même toujours un risque. Cela nécessite d’être pris dans le cadre d’un conseil, d’une bonne connaissance du soin que l’on prend et des risques inhérents à tout médicament.

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