Maladies respiratoires : une machine analyse le souffle des patients pour prédire l'efficacité de leur traitement
L'appareil, conçu et testé à l'hôpital Foch de Suresnes, sera présenté au Congrès de pneumologie de langue française, qui se tient ce week-end à Paris.
"Vous allez prendre une grande inspiration et souffler". Pour tester la fameuse machine qui analyse l'air expiré, Mélanie, notre cobaye, s’exécute et souffle un bon coup dans un embout. L’appareil, relié à un écran et à une grosse machine, ressemble au ballon des policiers et gendarmes lors d'un contrôle routier. La différence, c'est que la machine, mise au point par une équipe de l’hôpital Foch à Suresnes (Hauts-de-Seine), ne détecte pas uniquement la présence d'alcool dans le souffle de Mélanie mais… un millier de molécules à la fois.
Diagnostiquer une maladie rien qu'en soufflant
Une multitude d'informations récoltées en seulement quelques secondes et qui sont ensuite analysées par le professeur Philippe Devillier, pneumo-pharmacologue : "Ce qu'on peut conclure du souffle de Mélanie, c'est qu'elle a des corps cétoniques dans son air expiré. C'est le fruit du métabolisme du glucose mais tout le monde en a", indique-t-il avant de repérer la présence de "molécules qui sont des dérivés benzéniques, parfois associées à des cancers."
Mais pas d’inquiétude pour Mélanie : elle est en bonne santé. Cet appareil unique en France, ce spectromètre de masse, ne lui est pas destiné. Il s'adresse à des patients atteints de maladies respiratoires graves comme le cancer du poumon, ou l’asthme sévère.
Savoir à l'avance le traitement qui marche
L’objectif, à terme, c’est de permettre aux médecins de savoir si les traitements qu'ils envisagent de prescrire ont une chance d'être efficaces sur leurs patients. Car ces médicaments, coûteux et innovants, comme l'immunothérapie et les anti-corps monoclonaux, n'agissent pas avec la même efficacité sur tous les patients, sans que les scientifiques ne sachent pourquoi.
Un constat que partage le professeur Louis-Jean Couderc, chef du service de pneumologie de l'hôpital Foch de Suresnes, qui prend l’exemple de "l'asthme sévère à éosinophiles, une maladie qui est fréquente en France et qui concerne entre 30 000 à 40 000 personnes". Selon lui, "les traitements [contre cette maladie respiratoire] reposent sur des anticorps monoclonaux". Des médicaments, explique le spécialiste, dont l’inconvénient est le prix très élevé, alors même qu'"un tiers des malades ne voient pas leur état s'améliorer malgré ce traitement".
Il est très difficile pour les cliniciens, voire impossible, de prévoir le malade dont l'état va s'améliorer et celui pour qui il n'y aura aucun effet positif
le professeur Louis-Jean Coudercà franceinfo
Le pneumologue s'interroge sur la possibilité de repérer les malades qui vont répondre aux traitements. "Peut-on essayer de distinguer préalablement ces malades ? C'est ce que nous espérons faire avec cette technique de biologie : prévoir un profil moléculaire qui serait différent entre l'asthmatique soigné par le traitement et celui dont l'état de santé ne s'améliore pas." Cette machine est pour le moment en test mais les premiers résultats sont encourageants. Des conclusions officielles seront dévoilées dans les prochains mois.
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