VIH : un traitement pris seulement quatre jours sur sept est aussi efficace
Si les traitements antirétroviraux donnent de très bons résultats dans la prise en charge du VIH, les protocoles thérapeutiques restent lourds et contraignants pour les personnes touchées par le virus. Les traitements sont initiés le plus tôt possible après la découverte de la séropositivité et doivent être pris quotidiennement et à vie. Cependant, les recommandations pourraient changer : il sera peut-être bientôt possible d’alléger le nombre de prises sans diminuer l’efficacité des médicaments.
Ce sont les résultats d’une étude française, présentés à Durban (Afrique du Sud) dans le cadre de la XXIe conférence internationale sur le sida, qui laissent espérer une évolution des protocoles.
Trois jours de répit par semaine et une efficacité identique
Une trithérapie antirétrovirale prise seulement quatre jours dans la semaine au lieu de sept a permis de maintenir une charge virale inférieure à 50 copies chez 96 des 100 patients de l’étude ANRS 162-4D. Malgré cet arrêt, le virus a donc été "muselé" comme avec un traitement pris en continu. Les résultats ont été présentés par le Dr Pierre de Truchis, infectiologue à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches. L’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites) a lancé en 2014 cet essai prospectif non randomisé (tous les patients ont reçu le même schéma de traitement), qui a été mené dans plusieurs centres cliniques. Le but était d’évaluer l’efficacité du traitement antirétroviral pris quatre jours consécutifs sur sept, chez des patients VIH+ en succès thérapeutique depuis quatre ans, avec une charge virale inférieure à 50 copies/mL.
Après 48 semaines, 96% des patients suivaient toujours le schéma 4/7 jours, avec une charge virale toujours inférieure à 50 copies. Seuls trois patients présentaient une charge virale de nouveau détectable à la quatrième semaine de l'étude (avec respectivement 785 cp/mL, 124 cp/mL et 969 cp/mL). Chez ces patients, la charge virale est redescendue sous le seuil de détection avec le retour à un schéma de traitement 7/7 jours et cela sans apparition de résistances. Un seul patient a abandonné l’étude de sa propre initiative à la quatrième semaine.
Les objectifs de cette "pause thérapeutique" sont aussi de réduire les effets secondaires, les coûts des traitements et d'améliorer l’acceptabilité et l’adhésion au traitement.
Plusieurs essais en cours actuellement dans le monde poursuivent les mêmes buts. Si L'ANRS a évalué dans l’essai 162-4D l'intérêt de réduire le nombre de prises, d’autres études s’intéressent aux effets d’une réduction des doses ou encore essaient d’épargner des classes de molécules. En France, l'essai ANRS 165 DARULIGHT évalue le bénéfice d'une demi-dose de médicament (le Darunavir) par jour, l'essai ANRS 167 LAMIDOL celui d'une bithérapie Lamivudine-Dolutégravir. L'essai ANRS 163 ETRAL étudie quant à lui l'intérêt d'une autre bithérapie, Etravirine-Raltegravir.
Un protocole bien accepté par les patients
Parallèlement à l’évaluation des résultats thérapeutiques, l’observance des patients a été étudiée par à des auto-questionnaires, des dosages sanguins des médicaments, et le comptage des prises grâce à des piluliers électroniques dans un sous-groupe de patients. Là encore, pas de problèmes à signaler. "L’analyse des études d’observance a montré que le programme 4/7 jours a été très bien suivi et accepté par les patients. Dans plus de 90% des cas, la prise est conforme à la prescription", a commenté le Dr Pierre de Truchis.
Une étude de plus grande ampleur attendue
Selon le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS, "ces résultats nous encouragent à poursuivre nos objectifs d'améliorer la qualité de vie sous traitement et à répondre à une demande forte de certains patients de subir une moindre pression médicamenteuse".
À quand, alors, des protocoles plus légers pour les personnes VIH + ? Ces résultats encourageants doivent encore être confirmés par un essai randomisé (où deux groupes de patients vont être comparés), de plus grande ampleur, et sur une plus longue période. L'essai ANRS QUATUOR démarrera à la fin 2016 avec cet objectif. 640 patients devraient être recrutés dans plusieurs centres hospitaliers, dont la moitié recevra pendant 48 semaines un traitement 4/7 jours et l'autre moitié 7/7 jours. Si des résultats similaires étaient observés dans les deux groupes, tous les patients de l’essai passeraient au traitement 4/7 jours pendant 48 semaines supplémentaires.
L'essai cherchera à éclaircir un autre point important : démontrer que les bénéfices pour les patients du groupe "allégé" sont réels (moins d'effets secondaires, meilleure observance…), et que leur qualité de vie se trouve améliorée.
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