Variole du singe : l'ouverture d'un centre de vaccination à Paris "va dans le bon sens" mais "arrive très tard", pour Act Up Paris
Selon l'association Act Up, la stratégie de vaccination n'est pas assez efficace car il manque des doses, des places et surtout des volontaires pour vacciner.
"L'ouverture du centre annoncée par le ministre de la Santé va dans le bon sens, mais elle arrive très tard", regrette François Emery, chargé de plaidoyer à l'association Act Up Paris, mardi 26 juillet sur franceinfo, après l'ouverture ce jour à Paris d'un centre de vaccination pour vacciner les populations à risque contre la variole du singe. Une centaine de centres de vaccination sont ouverts en France, alors que 1 700 cas ont été détectés.
franceinfo : Comment accueillez-vous l'ouverture d'un nouveau vaccinodrome contre la variole du singe ?
François Emery : L'ouverture du centre annoncée par le ministre de la Santé va dans le bon sens, mais elle arrive très tard. Cela fait des semaines qu'on alerte sur la nécessité de vacciner le plus possible et de monter le dispositif en puissance pour que le maximum de personnes concernées puissent se faire vacciner. Il y a encore des personnes qui ont des rendez-vous trop lointains ou qui n'arrivent pas à prendre rendez-vous. Il n'y a pas assez de places disponibles. C'est pour ça qu'on demande la montée en puissance du dispositif vaccinal. Mais ça ne servira à rien sans savoir le nombre de doses disponibles, qu'on ne connaît pas, encore une fois. Et ça ne servira à rien si les personnes ne sont pas informées.
Qu'est-ce qu'il manque pour une stratégie efficace selon vous ?
Il manque déjà des doses. On n'a pas de visibilité sur les stocks : on demande que le gouvernement rende public l'état des stocks stratégiques, ce qui n'est pas le cas pour l'instant. Jusqu'ici, on ne sait pas si on en a assez pour tous. On manque aussi de bras, le fait de réquisitionner des étudiants en médecine pour garnir les centres de vaccination est une bonne solution mais elle montre aussi l'état de notre système de santé. Il y a également un défaut massif d'information sur la maladie depuis son arrivée en France. Les associations communautaires et de lutte contre le Sida informent leur public mais on n'a pas une audience suffisamment large pour toucher toutes les personnes. Depuis quelques jours, le sujet prend de l'ampleur dans les médias, mais le gouvernement ne communique pas encore assez. Au-delà de la vaccination, on soulève très peu la problématique de l'accompagnement social, notamment pour les personnes les plus précaires et isolées. On demande aussi la mise en place d'un système d'indemnisation pour les travailleurs et travailleuses du sexe et un système d'hébergement pour les personnes qui ne pourraient pas se loger individuellement. Ça concerne une part conséquente de la population de travailleurs et de travailleuses du sexe.
A propos de la vaccination dans les pharmacies, quelle est la position du gouvernement ?
C'est en cours de discussion avec le cabinet du ministre : on pense qu'il faut étendre les compétences pour que les pharmaciens et les médecins de ville puissent procéder à la vaccination. On nous répond qu'il y a des difficultés techniques par rapport au stockage du vaccin, mais ces difficultés avaient été balayées lors du Covid-19, donc on devrait pouvoir le faire aussi pour la variole du singe. Je trouve aussi ironique que la veille de l'annonce de l'OMS [qui a déclenché son plus haut niveau d'alerte sanitaire pour la variole du singe samedi], la Direction générale de la Santé demandait aux associations de ne pas faire de bruit autour de cette maladie. C'est depuis cette annonce que la variole du singe devient un objet plus médiatique.
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